Le Journal de Quebec

À propos du divorce chez les personnes âgées

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Il m’est arrivé de lire dans votre chronique les propos de divorcés malheureux. En particulie­r chez les personnes âgées, dont on pourrait penser que si elles se sont rendues jusqu’à un âge aussi avancé avec leur conjoint(e), elles devraient supporter la retraite ensemble. Mais ce n’est pas comme ça que ça se passe toujours et mon travail m’en a rendue témoin.

J’ai travaillé plus de 15 ans à la perception des pensions alimentair­es. J’ai d’ailleurs trouvé ce travail très demandant psychologi­quement. Ça prenait beaucoup d’empathie et d’écoute. En conséquenc­e, le roulement de personnel était énorme. Dans le temps que je travaillai­s là, chaque agent devait s’occuper de

500 dossiers, dont certains étaient régulièrem­ent modifiés par de nouveaux jugements.

On pouvait penser que les divorces touchaient majoritair­ement les couples d’âges moyens, mais le pourcentag­e de divorcés entre 20 et 30 ans était de 35 %, entre 30 et 65 ans, de 35 %, et entre 65 ans et plus, d’au moins 30 %. C’est quand même une bonne moyenne.

Durant leur vie active, les gens divorcent pour différente­s raisons : nouveaux amoureux, incompatib­ilité de caractère, jalousie et j’en passe. Mais en ce qui concerne les gens qui sont rendus à l’âge de la retraite, les raisons sont autres. On y décèle, comme dans les lettres que vous publiez d’ailleurs, que n’ayant passé que quelques heures par jour ensemble pendant leur vie active, rendus à la retraite, ils réalisent qu’ils vivent avec des étrangers. Pareil pour les hommes comme pour les femmes d’ailleurs.

Ce que j’ai constaté dans mon travail, la mère d’une de mes amies m’en avait glissé un mot alors que je n’avais que 25 ans par ces mots : « Je commence ma retraite et je m’aperçois que je vis avec un pur étranger. Je t’assure que c’est tout un choc. »

Vous avez raison de dire aux conjoints de faire attention pour ne pas évoluer dans des mondes parallèles en oubliant complèteme­nt de communique­r entre eux. Il faut faire équipe en couple, si on ne veut pas, rendus à 65 ans, en être encore à se chicaner à propos d’une pelle ronde ou carrée, des carottes qui ne sont pas coupées dans le bon sens, ou de l’obligation faite au conjoint(e) de faire de l’activité physique pour ne pas engraisser. Aucun ne sait comment il a perdu l’autre de vue, mais le résultat est là. Pensons-y donc avant d’arriver à 65 ans.

Le problème vient du fait que cet éloignemen­t se produit dans le tourbillon d’une vie où, non seulement on s’installe dans une existence à deux, mais aussi dans une carrière ou un métier, qu’on décide de faire des enfants, qu’on s’en occupe, et qu’on tente de se faire une vie sociale attractive. Tout ça s’entremêle pour nous faire perdre de vue qu’une vie à deux ce n’est pas donné tout cuit dans le bec, ça s’entretient. Je n’apprends rien à personne ce matin, je tente juste de mettre les pendules à l’heure pour les couples qui ont envie d’une réussite finale.

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