Le Journal de Quebec

Le Festival d’été pas confirmé pour 2021

- ARNAUD KOENIG-SOUTIÈRE

Aujourd’hui aurait dû offrir l’occasion aux groupes Bleu Jeans Bleu et Les Trois Accords d’enflammer les plaines d’abraham pour lancer la 53e édition du FEQ, une perspectiv­e fauchée il y a près de quatre mois par la pandémie de COVID-19.

Or, le souvenir de cette manne estivale détonne avec la réalité actuelle, où commerçant­s, restaurate­urs et hôteliers tentent de garder la tête hors de l’eau.

« On s’y fait, mais c’est sûr qu’on va être un peu nostalgiqu­es aujourd’hui. […] L’adrénaline de ces grosses semaines-là, on aime ça. C’est un peu ma drogue à moi. C’est ce que j’aime », lance Philippe Desrosiers, copropriét­aire de l’inox, sur la Grande Allée.

« [Hier], on aurait été en montage du set-up sur la terrasse. À partir d’[aujourd’hui], on serait en train de travailler de 14 à 18 heures par jour. Habituelle­ment, je couche au bar pendant le FEQ », rigole M. Desrosiers.

Jean-pierre Bédard, DG de la Société de développem­ent commercial (SDC) Montcalm, n’a pas échappé à cette nostalgie, son fil d’actualité sur les réseaux sociaux tâchant de lui rappeler des souvenirs d’à pareille date dans les dernières années.

« Pour nous, c’est extrêmemen­t décevant parce qu’on avait déjà commencé à planifier des activités pour le FEQ, lâche-t-il. C’est vraiment un moment où les terrasses sont bondées pendant toute la journée. En ce moment, on n’arrive pas encore à atteindre des résultats de fréquentat­ion probants. »

QUATRE FOIS MOINS REMPLIS

Les hôteliers, de coutume comblés pour accueillir cette affluence effrénée, subissent aussi durement l’absence de festivalie­rs.

« La ville serait effervesce­nte en temps normal. On serait à environ 85 % d’occupation pendant le FEQ dans les hôtels. Là, on est à environ 20 % sur semaine, à 25 % les week-ends », illustre le directeur des communicat­ions et du marketing de l’office du tourisme de Québec, Éric Bilodeau.

Cette carence, comparée à une année habituelle, représente « des millions de dollars de retombées », pointe François Meunier, vice-président aux affaires publiques et gouverneme­ntales de l’associatio­n des restaurate­urs du Québec (ARQ).

« Si c’était juste du FEQ, on pourrait se dire qu’on va finir par passer au travers. Mais il n’y aura pas d’autres événements de cette importance-là avant longtemps, sûrement pas avant l’an prochain », mentionne-t-il.

Le lendemain de veille pourrait être dur, selon L’ARQ, qui anticipe jusqu’à 3000 faillites dans l’industrie québécoise de la restaurati­on d’ici l’an prochain.

TEMPS MORT

Au manque à gagner, il faut opposer le « revers de la médaille », souligne David Lassonde, qui possède, entre autres, la Taverne Grande Allée et le Snack-bar Saint-jean. La pénurie de main-d’oeuvre rendait les 10 jours du FEQ dignes d’un « sport extrême », illustre-t-il, tant les acteurs du milieu sont poussés « aux limites ».

« Ce n’est pas nécessaire­ment positif, mais on va juste avoir un été où on n’aura pas poussé tout au bouchon. À Saint-apollinair­e, il n’y en a pas de FEQ et ils passent à travers quand même », philosophe M. Lassonde.

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