LE CANADA DANS LE ROUGE… VIF
▮ Vous et vos enfants allez payer longtemps ▮ Déficit historique de 343 milliards $ ▮ 73,1 milliards $ juste pour la PCU ▮ Une dette dépassant le cap du 1000 milliards $
Avec un déficit titanesque de 343,2 milliards $ en 2020, le Canada fait face à l’un des plus importants défis de son histoire, a reconnu hier le ministre des Finances, Bill Morneau, en présentant sa mise à jour économique.
Mais Ottawa écarte pour l’instant toute forme d’austérité, alors que la crise de la COVID-19 se poursuit.
Ces 343,2 milliards $ représentent 10 fois le déficit de l’an dernier, et bien plus que les 256 milliards prévus il y a trois semaines à peine par le directeur parlementaire du budget, Yves Giroux. Ainsi, la dette va-t-elle bondir à 1200 milliards d’ici mars prochain, contre 765 milliards en mars 2020.
« Notre gouvernement avait deux options », s’est justifié Justin Trudeau. « On pouvait laisser les Canadiens se débrouiller et espérer que tout ça se termine bientôt, ou on pouvait agir rapidement pour les aider. »
PAS DE COMPRESSIONS
Comme Québec, Ottawa espère que la reprise économique – et un éventuel retour à l’équilibre – passe par la croissance de l’économie plutôt que par les compressions et les hausses de taxes.
« On doit faire des investissements pour notre croissance », a dit Bill Morneau. « On va investir, et non faire des coupures ou des changements dans notre système d’impôt. »
Mais Ottawa fournit bien peu de détails sur la façon dont cela va se faire.
Jusqu’à maintenant, l’aide fédérale a totalisé 230 milliards en soutien direct aux Canadiens et aux entreprises, par exemple avec la Prestation canadienne d’urgence (PCU) et la subvention salariale. Ottawa a aussi consenti 85 milliards en aide indirecte.
Il faut remonter à la Seconde Guerre mondiale pour trouver un effort financier comparable.
PROCHAINES ÉTAPES
Bill Morneau s’est engagé à présenter un « vrai » budget cet automne, sept mois après l’annulation du budget fédéral 2020 à cause de la COVID-19. Au-delà de ça, on en sait très peu sur les mesures concrètes qui seront prises à l’automne, mis à part la fin progressive de la Prestation canadienne d’urgence (PCU).
M. Morneau a dit souhaiter que la subvention salariale et l’assurance-emploi prennent le relais de la PCU à partir de septembre.
En d’autres mots, plus de chèques de 2000 $ pour la plupart des Canadiens ; l’aide devra surtout passer par l’entreprise qui les emploie. Près d’un employé sur quatre au pays touche actuellement la subvention salariale offerte à son employeur, bien moins que ce qu’envisageait Ottawa à son lancement.
REMONTER LA CÔTE
Sur les ondes de LCN, l’économiste en chef de ia Groupe financier, Clément Gignac, a jugé qu’il faudrait sept à huit ans pour revenir à un ratio de la dette semblable à l’avant-covid.
« Oui, c’est des gros chiffres, mais quand on regarde cela, c’est la bonne chose à faire », a-t-il noté. « On peut passer à travers cela sans des hausses d’impôts. »
Il a ajouté que le gouvernement fédéral a considérablement réduit son endettement depuis le milieu des années 1990. En 19951996, la dette fédérale représentait 66,6 % du PIB.
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« LE GOUVERNEMENT FÉDÉRAL VA INVESTIR, ET NON FAIRE DES COUPURES OU DES [HAUSSES] D’IMPÔTS »
– Le ministre des Finances, Bill Morneau