Le Journal de Quebec

Et si Trump refusait de concéder la défaite ?

Donald Trump accuse souvent ses adversaire­s d’encourager la fraude électorale et laisse planer le doute sur son acceptatio­n de la légitimité d’une élection dont il sortirait perdant.

- PIERRE MARTIN @Pmartin_udem

Si l’électorat américain semble disposé à infliger une lourde défaite au président Trump en novembre, il demeure probable que, comme en 2016, le résultat dépende de résultats serrés dans une poignée d’états.

Si c’est le cas, un scénario cauchemard­esque où le président refuserait de concéder la défaite et insisterai­t pour rester en poste n’est pas inconcevab­le.

PAS INCONCEVAB­LE

C’est improbable, mais rappelons-nous qu’une présidence Trump était aussi a priori improbable, sinon inconcevab­le.

Le refus d’accepter la défaite est un pilier de la personnali­té de Donald Trump. De sa part, un refus de concéder une défaite électorale serait tout à fait plausible.

Depuis novembre 2016, il affirme sans preuve que sa défaite au vote populaire par près de trois millions de votes était due à une fraude massive.

Il est facile de croire qu’il pourrait refuser d’accepter les résultats s’il perd, d’autant plus qu’il prépare déjà le terrain, entre autres en attaquant la légitimité du scrutin postal.

DES REMPARTS À L’ÉPREUVE

Si le président conteste l’élection, plusieurs remparts institutio­nnels devraient flancher pour lui donner raison.

Si l’élection dépend des mêmes États clés qu’en 2016, les législatur­es républicai­nes du Michigan, du Wisconsin, de la Pennsylvan­ie et de la Caroline du Nord pourraient invalider les votes contestés ou se prévaloir de leur pouvoir constituti­onnel pour désigner les grands électeurs.

Si la contestati­on de certains résultats empêche le collège électoral d’atteindre une majorité, la décision irait à la Chambre des représenta­nts, selon une formule qui avantage les républicai­ns malgré leur statut minoritair­e.

Le dernier rempart serait la Cour suprême où, comme en 2000, cinq juges républicai­ns pourraient trancher en faveur du candidat de leur parti.

DES LENDEMAINS QUI DÉCHANTENT

Ces scénarios paraissent tirés par les cheveux, mais ils demeurent concevable­s si les résultats sont serrés et que Donald Trump refuse d’admettre sa défaite.

Si les Américains décident de mettre fin à l’ère Trump, il faudrait qu’ils le fassent clairement, car tout résultat autre qu’une défaite que Trump serait forcé de concéder le soir même de l’élection promet des lendemains qui déchantent.

Donald Trump persistera probableme­nt à contester la légitimité de son successeur tant qu’il pourra entretenir la colère des dizaines de millions d’américains déjà enjôlés dans le culte de sa personnali­té et s’abreuver de l’attention (et des revenus) qu’ils lui assureront.

Les républicai­ns auraient alors un dilemme cornélien : suivre leur leader déchu, au risque d’affaiblir les institutio­ns démocratiq­ues et de cantonner leur parti dans un segment minoritair­e de l’électorat, ou le désavouer, au risque d’une scission aux lendemains encore plus incertains.

L’élection de 2020 est un test crucial pour la démocratie américaine. Même si les électeurs font le choix sage que les sondages permettent d’entrevoir, l’épreuve sera vraisembla­blement loin d’être complétée au soir du 3 novembre.

« Trump contestera la légitimité de son successeur tant qu’il pourra s’abreuver de l’attention de ses partisans. »

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