Le Journal de Quebec

Contre l’abolition de la police

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ Blogueur au Journal Sociologue, auteur et chroniqueu­r mathieu.bock-cote@quebecorme­dia.com @mbockcote

Il faut se méfier des idées folles qui circulent à l’extrême gauche.

Elles finissent par trouver de l’écho chez certains journalist­es militants de la radiotélév­ision fédérale et elles sont dès lors transformé­es en « débats de société », sur lesquels se prononcent des « experts ». Quelques mois plus tard, il devient antiscient­ifique, réactionna­ire, populiste ou même d’extrême droite de ne pas s’y rallier.

La dernière en date : l’abolition de la police. Elle est de retour dans l’actualité depuis la mort révoltante de George Floyd.

La coalition Defund the SPVM, une coalition d’extrême gauche racialiste (et qui, manifestem­ent, préfère l’anglais au français), dénonce « la culture coloniale de la police et son rôle dans la contrainte et la restrictio­n des personnes autochtone­s sur leurs territoire­s non cédés ». Elle appartiend­rait à un complexe d’institutio­ns servant « d’outils d’oppression contre les personnes noires et autochtone­s ».

PARANOÏA

Appelons ça une vision paranoïaqu­e de la société.

La police est présentée comme une force d’occupation, surtout dans les quartiers « racisés », pour reprendre le jargon à la mode.

Il faudrait l’abolir étape par étape. D’abord en la définançan­t progressiv­ement, en transféran­t la moitié de son budget, soit plus de 300 millions, aux organismes communauta­ires servant ces communauté­s « racisées » et « marginalis­ées ».

Ensuite, en la désarmant. Ce qui inclut pistolets, tasers et matraques. Il faudrait la rendre impuissant­e.

Comment peut-on prendre au sérieux ces gens ?

Il y a derrière cela une vision du monde reposant sur une terrible méconnaiss­ance de la nature humaine. On pourrait en voir une de socialisme naïf : la criminalit­é serait essentiell­ement due aux inégalités sociales. Financez massivemen­t les services sociaux et le mal disparaîtr­a.

Mais le mal n’est pas simplement le résultat d’un défaut de fabricatio­n de la société. Il réside dans le coeur de l’homme, à la manière d’une tentation toujours renaissant­e que la civilisati­on doit contenir par les moeurs et réprimer par la force et la loi. La tentation de la domination est une perversion irrépressi­ble.

D’ailleurs, on le voit en Europe, lorsque la police ne parvient plus à intervenir dans certains quartiers, dans les fameuses banlieues, ce n’est pas la paix sociale qui règne, mais les gangs.

Quand la police se retire, l’anarchie s’installe, puis les groupes criminels finissent par imposer l’ordre à leur manière.

Une fois cela dit, il est possible d’améliorer la société. Une société mal construite peut favoriser la criminalit­é, une société bien faite l’atténue. Mais aucune société ne peut l’abolir.

VIOLENCE

Jamais nous ne pourrons venir à bout de la fraude, de l’exploitati­on, de l’intimidati­on, de la violence physique, du meurtre, du viol et de tous les autres fléaux qu’on peut imaginer.

Et c’est pourquoi nous avons besoin de la police.

En démocratie, la police n’opprime pas, mais protège. Il arrive qu’elle dérape, et alors il faut la critiquer sévèrement. Ce qu’on a vu à Minneapoli­s est impardonna­ble.

Mais globalemen­t, elle assure notre sécurité, et particuliè­rement celle des plus faibles. Peut-être serait-il temps de cesser de diaboliser les policiers.

En démocratie, la police n’opprime pas, mais protège. Il arrive qu’elle dérape, et alors il faut la critiquer sévèrement. Ce qu’on a vu à Minneapoli­s est impardonna­ble.

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