Un thriller d’une redoutable efficacité
Le cinéaste Daniel Roby a trouvé un bon filon en s’intéressant à l’histoire rocambolesque de l’ex-toxicomane Alain Olivier, qui été incarcéré par erreur en Thaïlande à la fin des années 1980 après avoir été au centre d’une enquête de la GRC qui a mal tourné. En s’inspirant de ce fait vécu pour son nouveau film Suspect numéro un ,le réalisateur québécois réussit à concocter un thriller palpitant qui n’a rien à envier aux productions américaines du genre.
Le film suit le parcours de Daniel Léger (personnage inspiré d’alain Olivier), un jeune ex-junkie québécois qui se retrouve impliqué dans une importante transaction de drogue après avoir été piégé et manipulé par des agents de la GRC en quête de performance.
L’affaire tourne au vinaigre et Léger (joué par Antoine Olivier Pilon) est arrêté et incarcéré en Thaïlande. Trouvant cette histoire louche parce que
Daniel Léger n’a pas du tout le profil d’un caïd de la drogue, le journaliste torontois Victor Malarek (Josh Hartnett) décidera de se rendre en Thaïlande pour enquêter sur cette affaire, au risque de mettre sa vie et celle de sa famille en danger.
Daniel Roby (Louis Cyr, Funkytown, Dans la brume) a travaillé pendant une douzaine d’années sur ce thriller ambitieux qui s’inscrit dans la lignée des films d’enquête à la Spotlight et Zodiac.
Mais le jeu en a valu la chandelle. Bien fouillé et mené d’une main de maître par Roby, Suspect numéro un (Target Number One, en version originale anglaise) se révèle un sacré bon film d’action qui divertit tout en traitant de sujets sérieux et importants, comme l’importance du journalisme d’enquête.
RÉALISME
Daniel Roby et son équipe ont fait un bon boulot pour maximiser le budget qui était à leur disposition (environ 7 M$). La reconstitution d’époque est impeccable et le fait d’avoir tourné entièrement en éclairage naturel procure au film une facture visuelle à la fois réaliste et rétro.
Petit bémol : certains personnages, dont ceux des agents de la GRC, manquent un peu de nuances et les erreurs qu’ils commettent paraissent parfois trop grosses pour qu’on y croie. Roby a toutefois eu la main heureuse dans le choix de ses acteurs. Dans un premier rôle en anglais, Antoine Olivier Pilon livre une performance intense et très physique, s’offrant même quelques scènes de bagarres musclées dans une prison thaïlandaise. L’acteur américain Josh Hartnett a su quant à lui apporter une bonne dose de charisme et d’énergie rebelle au personnage de Victor Malarek. Premier grand film québécois à prendre l’affiche depuis la réouverture des cinémas, Suspect numéro un a les qualités pour séduire un large public. Il reste à voir si les spectateurs auront envie de retourner dans les salles en grand nombre en cet été pas comme les autres…