Le Journal de Quebec

La culture se fera désormais au mètre

- GUY FOURNIER guy.fournier @quebecorme­dia.com

Les plus âgés se rappellero­nt qu’on vendait jadis du tissu « à la verge », ce qui faisait l’objet de plusieurs blagues salaces.

La culture, elle, se fera maintenant au mètre, système métrique oblige. Le docteur Horacio et ses joyeux compères de la CNESST (la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail, ouf !) seront les metteurs en scène de nos spectacles et de nos séries de télévision en temps de pandémie.

Ils seront les « gardes rouges de cette nouvelle révolution culturelle » qu’on doit faire une règle à mesurer dans une main, chronomètr­e et guide sanitaire dans l’autre. Qu’on ne se trompe pas, la tâche ne sera pas facile, car les mesures changent fréquemmen­t et le guide aussi.

Si la situation épidémiolo­gique est favorable, nous a-t-on annoncé, le 15 juillet prochain, « de petites équipes stables formant un microcosme (trois ou quatre acteurs) pourront jouer à un mètre de distance sans ‘‘ÉPI’’ (équipement de protection individuel­le) ». Les technicien­s, les artisans et toute autre personne devront rester à 2 mètres de distance, mais devront porter L’ÉPI, en ajoutant des gants si possible.

PAS DE PARTIES DE JAMBES EN L’AIR

Pour une période cumulative maximum de 15 minutes par jour, les acteurs pourront se trouver à moins d’un mètre l’un de l’autre, sans ÉPI. L’allègement ne permettra aucun « contact intime ». Fini le batifolage sous les couverture­s, les bisous, les poignées de main, les prises de bec nez à nez et les coups de poing sur la gueule ! Savourez attentivem­ent les scènes croustilla­ntes de C’est comme ça que je t’aime, car vous n’en verrez pas de semblables avant longtemps.

Ce n’est pas tout. Un registre des scènes « intimes » doit être remis à la CNESST. À l’avance, j’imagine. Un garde rouge pourra surgir à brûle-pourpoint afin de s’assurer que les règles ont été rigoureuse­ment appliquées. Il aura le pouvoir d’arrêter la production s’il constate une infraction.

Quant aux salles de spectacles et de concerts, elles pourront à partir du 15 juillet, accueillir 250 spectateur­s à la condition qu’ils soient assis à 1,5 mètre de distance l’un de l’autre. À moins qu’il ne s’agisse de personnes composant un « microcosme », c’est-à-dire qui vivent sous le même toit. Quant aux acteurs et aux musiciens, relire les règles ci-dessus.

Comme on peut le constater, notre bien-aimée ministre de la Culture et des Communicat­ions, Nathalie Roy, avait tout à fait raison de déclarer que « nos artistes doivent se réinventer » !

La tâche ne sera pas facile, car les mesures changent fréquemmen­t et le guide aussi

DÉBAT FERMÉ À DOUBLE TOUR

À la suite de ma chronique de mardi, j’ai reçu une avalanche de courriels. Quelques-uns soulignaie­nt (ce que j’aurais dû faire dans ma chronique) que les dernières éditions du Larousse acceptent le mot « réouvrir », que l’académie française de mon ami Dany Laferrière refuse toujours.

La plupart écrivaient que le premier ministre et le docteur Arruda auraient des tas de mots et d’expression­s à corriger (comme les « çalà », « ça va t’être », « dépendamme­nt », etc.) avant d’en arriver au controvers­é « réouvrir », qui écorche toujours de vieilles oreilles puristes comme les miennes.

Enfin, vous l’auriez deviné, quelques-uns me reprochaie­nt de chercher noise à monsieur Legault plutôt que de m’en prendre à Justin Trudeau dont le français n’est pas sans faute. Mais tous souhaitent un changement de nom pour les préposés aux bénéficiai­res.

Je m’incline devant le Larousse et promets de ne plus rouvrir (ou réouvrir) ce débat.

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