LA BOXE DANS LES CÂBLES
Il n’y aurait pas de combats au Québec avant l’arrivée d’un traitement contre la COVID-19
L’industrie de la boxe professionnelle au Québec pourrait encaisser un cuisant revers devant la santé publique dans les prochains jours. L’organisme ministériel envisage d’interdire les sports de combat professionnels jusqu’à l’obtention d’un vaccin ou d’un traitement contre la COVID-19.
C’est le ministère de la Santé et des Services sociaux qui a informé l’avocat du promoteur et patron d’eye of the Tiger Management (EOTM), Camille Estephan, de cette possibilité, lundi soir.
« On ne s’attendait jamais à une telle réponse de leur part, a indiqué Estephan au Journal. Le problème, c’est qu’on ne sait pas pourquoi ils vont dans cette direction. On n’a pas eu d’explications.
« On n’a jamais été invité à s’asseoir avec les autorités de la santé publique afin d’expliquer le plan que nous voulions mettre en place pour la présentation de nos galas. »
Estephan travaille depuis plus de deux mois sur un plan afin de satisfaire les exigences de la santé publique. Ainsi, pendant cinq jours, tous les intervenants impliqués dans un gala de boxe seraient confinés à l’intérieur d’un hôtel jusqu’à la fin de l’événement.
Ils subiraient un total de trois tests alors que ces combats seraient présentés à huis clos. Une stratégie identique à celle employée par l’ultimate Fighting Championship (UFC) et le promoteur
Top Rank depuis deux mois dans les États de la Floride et du Nevada.
Avec les tests, les autorités ont trouvé des cas positifs chez les combattants ou leur entourage avant les combats. Cependant, aucun d’eux n’a contracté la COVID-19 à l’intérieur de l’octogone ou du ring.
LA SANTÉ PUBLIQUE EN CONTRÔLE
Les porte-parole de la santé publique ont refusé notre demande d’entrevue. Ils ont plutôt répondu à nos questions par courriel.
« Il n’est pas question de vaccin ou non. La Santé publique et les experts évaluent que le danger de propagation est plus grand dans les cas de combats de tout type.
« Ils ne recommandent pas de retour pour l’instant. Étant donné que le virus se propage par gouttelettes et dans des endroits clos, les combats de boxe augmentent le risque de propagation, tenant compte qu’ils se déroulent à l’intérieur.
« La sueur, le sang ainsi que la salive sont très présents lors d’un combat et dépassent même le deux mètres lorsque des coups sont donnés entre les adversaires. »
Du côté de la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ), qui supervise les sports de combat professionnels au Québec, on lance la balle dans la cour de la santé publique.
La présidente France Lessard ne donne jamais d’entrevues aux médias sur les différents dossiers dont elle est la responsable. Est-ce que Mme Lessard a fait les représentations nécessaires pour relancer la boxe professionnelle au Québec ?
« Mme Lessard travaille dans l’intérêt de tous les titulaires sans exception, a
répondu la porte-parole de la RACJ, Joyce Tremblay. Ni la Régie ni la présidente n’ont de pouvoir décisionnel dans les dossiers de déconfinement. La gestion appartient à la santé publique.»
Même son de cloche qui côté du ministère de la Sécurité publique.
LETTRE À LA MINISTRE GUILBAULT
Estephan n’a pas l’intention de baisser les bras dans ce dossier. Ce serait mal le connaître.
Mardi, par l’entremise de son avocat Anthony Rudman, il a envoyé une lettre à la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, afin qu’elle intervienne auprès du Dr Horacio Arruda.
La missive, dont Le Journal a obtenu copie, souligne qu’une telle décision de la part du directeur national de la santé publique aurait des « conséquences irréversibles et catastrophiques pour l’industrie de la boxe professionnelle au Québec ».
Depuis le début de ses démarches, Estephan a envoyé tous les documents nécessaires aux instances gouvernementales concernées. Il a été bon joueur dans les entrevues qu’il a données. Par contre, tout ce qu’il a récolté, ce sont des délais supplémentaires et des réponses qui manquent de transparence.
Depuis lundi soir, les intervenants du monde de la boxe ont une épée de Damoclès au-dessus de leur tête. Si la santé publique décide d’aller de l’avant, elle pourrait mettre en péril une industrie qui fait rayonner le Québec à travers le monde.