Le Journal de Quebec

LA BOXE DANS LES CÂBLES

Il n’y aurait pas de combats au Québec avant l’arrivée d’un traitement contre la COVID-19

- Mathieu Boulay Mboulayjdm l∫ mathieu.boulay @quebecorme­dia.com

L’industrie de la boxe profession­nelle au Québec pourrait encaisser un cuisant revers devant la santé publique dans les prochains jours. L’organisme ministérie­l envisage d’interdire les sports de combat profession­nels jusqu’à l’obtention d’un vaccin ou d’un traitement contre la COVID-19.

C’est le ministère de la Santé et des Services sociaux qui a informé l’avocat du promoteur et patron d’eye of the Tiger Management (EOTM), Camille Estephan, de cette possibilit­é, lundi soir.

« On ne s’attendait jamais à une telle réponse de leur part, a indiqué Estephan au Journal. Le problème, c’est qu’on ne sait pas pourquoi ils vont dans cette direction. On n’a pas eu d’explicatio­ns.

« On n’a jamais été invité à s’asseoir avec les autorités de la santé publique afin d’expliquer le plan que nous voulions mettre en place pour la présentati­on de nos galas. »

Estephan travaille depuis plus de deux mois sur un plan afin de satisfaire les exigences de la santé publique. Ainsi, pendant cinq jours, tous les intervenan­ts impliqués dans un gala de boxe seraient confinés à l’intérieur d’un hôtel jusqu’à la fin de l’événement.

Ils subiraient un total de trois tests alors que ces combats seraient présentés à huis clos. Une stratégie identique à celle employée par l’ultimate Fighting Championsh­ip (UFC) et le promoteur

Top Rank depuis deux mois dans les États de la Floride et du Nevada.

Avec les tests, les autorités ont trouvé des cas positifs chez les combattant­s ou leur entourage avant les combats. Cependant, aucun d’eux n’a contracté la COVID-19 à l’intérieur de l’octogone ou du ring.

LA SANTÉ PUBLIQUE EN CONTRÔLE

Les porte-parole de la santé publique ont refusé notre demande d’entrevue. Ils ont plutôt répondu à nos questions par courriel.

« Il n’est pas question de vaccin ou non. La Santé publique et les experts évaluent que le danger de propagatio­n est plus grand dans les cas de combats de tout type.

« Ils ne recommande­nt pas de retour pour l’instant. Étant donné que le virus se propage par gouttelett­es et dans des endroits clos, les combats de boxe augmentent le risque de propagatio­n, tenant compte qu’ils se déroulent à l’intérieur.

« La sueur, le sang ainsi que la salive sont très présents lors d’un combat et dépassent même le deux mètres lorsque des coups sont donnés entre les adversaire­s. »

Du côté de la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ), qui supervise les sports de combat profession­nels au Québec, on lance la balle dans la cour de la santé publique.

La présidente France Lessard ne donne jamais d’entrevues aux médias sur les différents dossiers dont elle est la responsabl­e. Est-ce que Mme Lessard a fait les représenta­tions nécessaire­s pour relancer la boxe profession­nelle au Québec ?

« Mme Lessard travaille dans l’intérêt de tous les titulaires sans exception, a

répondu la porte-parole de la RACJ, Joyce Tremblay. Ni la Régie ni la présidente n’ont de pouvoir décisionne­l dans les dossiers de déconfinem­ent. La gestion appartient à la santé publique.»

Même son de cloche qui côté du ministère de la Sécurité publique.

LETTRE À LA MINISTRE GUILBAULT

Estephan n’a pas l’intention de baisser les bras dans ce dossier. Ce serait mal le connaître.

Mardi, par l’entremise de son avocat Anthony Rudman, il a envoyé une lettre à la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, afin qu’elle intervienn­e auprès du Dr Horacio Arruda.

La missive, dont Le Journal a obtenu copie, souligne qu’une telle décision de la part du directeur national de la santé publique aurait des « conséquenc­es irréversib­les et catastroph­iques pour l’industrie de la boxe profession­nelle au Québec ».

Depuis le début de ses démarches, Estephan a envoyé tous les documents nécessaire­s aux instances gouverneme­ntales concernées. Il a été bon joueur dans les entrevues qu’il a données. Par contre, tout ce qu’il a récolté, ce sont des délais supplément­aires et des réponses qui manquent de transparen­ce.

Depuis lundi soir, les intervenan­ts du monde de la boxe ont une épée de Damoclès au-dessus de leur tête. Si la santé publique décide d’aller de l’avant, elle pourrait mettre en péril une industrie qui fait rayonner le Québec à travers le monde.

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