Une étude sur la COVID-19 et les enfants nuancée
Bien qu’une étude ait constaté la présence du coronavirus de 10 à 100 fois plus élevée dans le nez de jeunes enfants infectés, on ne peut conclure qu’ils sont nécessairement de plus grands vecteurs de la maladie, prévient un expert québécois.
« La transmission chez les enfants, on ne comprend pas bien pourquoi, mais elle semble moins efficace que chez les adultes. Je pense que ce constat-là reste vrai. Et plus ils sont jeunes, plus la transmission semble être limitée », affirme Gaston de Serres, médecin épidémiologiste à l’institut national de santé publique du Québec (INSPQ).
Cette semaine, l’étude de pédiatres de Chicago a fait grand bruit. Elle concluait que le taux de matériel génétique du coronavirus détecté dans les voies respiratoires des enfants infectés âgés de moins de cinq ans est de 10 à 100 fois plus élevé que chez les enfants plus âgés et les adultes.
Ces résultats, parus dans la revue JAMA
Pediatrics, sont basés sur l’analyse de prélèvements faits sur 145 personnes âgées de 0 à 65 ans qui souffraient d’une forme légère ou modérée de la COVID-19.
CASCADE D’ÉVÉNEMENTS
Les scientifiques américains y ont vu le signe que « les jeunes enfants peuvent potentiellement être d’importants facteurs de contagion du SARS-COV-2 dans la population ».
Or, rappelle le Dr de Serres, « la contagion, c’est une cascade d’événements qui est plus que juste la présence de matériel génétique dans le nez ».
« Il faut que le virus soit vivant, il faut que l’enfant soit un bon projecteur de gouttelettes », continue-t-il.
La conclusion des chercheurs américains concernant la contagiosité des jeunes enfants n’est donc pas « supportée par leurs données », commente-t-il.
Elle va d’ailleurs à l’encontre du constat qui émerge à partir des preuves dites « épidémiologiques », qui se basent sur la recherche et le traçage des contacts des personnes contaminées, provenant de plusieurs pays.
CORÉE DU SUD
« De façon assez généralisée, ce que l’on voit, c’est que les plus grands transmetteurs, ce sont les adultes, pas les enfants », ajoute Gaston de Serres.
En Corée du Sud, il y a quelques semaines, une étude de ce type indiquait au contraire que les enfants de moins de neuf ans sont ceux qui semblent le moins transmettre le virus dans leur foyer.
Elle mettait toutefois en garde que les enfants de 10 à 19 ans transmettent le virus autant que les adultes.