Le Journal de Quebec

Les Québécois vident leurs tiroirs

La hausse marquée du prix de l’or incite de nombreuses personnes à se débarrasse­r de leurs vieux bijoux

- SYLVAIN LAROCQUE

La flambée des cours de l’or incite plusieurs Québécois à se débarrasse­r de leurs vieux bijoux pour faire un coup d’argent.

« Les gens peuvent sortir d’ici avec 1000 $ pour leurs bijoux. Ils ne s’imaginaien­t pas qu’il y avait autant de valeur qui traînait dans leurs tiroirs », lance Caroline Boulerice, PDG de LSM, qui compte cinq bijouterie­s dans la grande région de Montréal.

Normand Déziel, propriétai­re de la Bijouterie Déziel à Granby et nouveau président de la Corporatio­n des bijoutiers du Québec, constate le même engouement pour les fonds de tiroirs.

« Tous les jours, on suit le cours de l’or et on paie en conséquenc­e », précise M. Déziel.

Les bijoux en or que rachètent les bijouterie­s sont expédiés dans des usines où le métal est refondu et purifié, puis coulé dans de nouveaux lingots.

Le prix de l’or a atteint cette semaine un nouveau sommet historique et flirte avec le seuil psychologi­que des 2000 $ US l’once. Il a crû de 12 % en juillet, son meilleur mois depuis février 2016. Sur un an, la hausse atteint 40 %. Et selon plusieurs économiste­s, la progressio­n se poursuivra pendant encore un bon moment.

MOINS ACCESSIBLE

Inévitable­ment, l’explosion des cours de l’or finira par se répercuter sur le prix des bijoux neufs.

« Je ne peux pas vous dire que ça fait mon affaire, reconnaît Mme Boulerice. Estce que mon produit devient un peu moins accessible ? La réponse, c’est oui. »

M. Déziel a déjà dû augmenter d’environ 10 % le prix de ses réparation­s de bijoux qui nécessiten­t l’ajout d’or.

D’ici quelques mois, il faut s’attendre à des hausses de prix qui pourraient atteindre 20 %, préviennen­t les spécialist­es de l’industrie.

« C’est sûr qu’à la prochaine commande qu’on va faire, les prix vont être augmentés », convient Normand Déziel.

Les bagues serties de diamants, surtout portées par les femmes, seront moins touchées par les hausses de prix. Le gros de leur valeur ne provient pas de l’or, mais des diamants, dont le prix a baissé.

DES BIJOUX PLUS MINCES

En réaction au coût plus élevé de l’or, plusieurs fabricants produisent des bijoux contenant de moins grandes quantités de métal.

« Dans trois ans, ils ne pourront plus diminuer. On est au minimum. Les fabricants ont enlevé tout le gras qu’il y a sur la bague. Si les prix montent encore, ça va devenir un peu un problème de travailler avec cette matière-là », estime M. Déziel.

« Soit que les gens vont accepter de payer plus pour de l’or ou qu’ils vont se tourner vers d’autres métaux, comme l’argent », ajoute-t-il.

DES AFFAIRES… D’OR

Pour l’instant, les bijouterie­s ne connaissen­t pas la crise. Les affaires ont repris en trombe avec la levée du confinemen­t.

« Comme les gens ne vont pas en voyage et moins au restaurant, ils sont contents de se gâter, ils sont excités », raconte Caroline Boulerice, qui est propriétai­re de la bijouterie LSM depuis dix ans.

Les mariages ont repris. Et des célibatair­es se font des cadeaux à eux-mêmes.

« Les gens entrent ici, ils ont envie de quelque chose, ils le prennent. Ils n’hésitent pas », se réjouit M. Déziel.

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PHOTOS CHANTAL POIRIER Caroline Boulerice est propriétai­re de la bijouterie LSM, un fabricant de bijoux qui compte cinq boutiques dans la grande région de Montréal.
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NORMAND DÉZIEL Président

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