Le Journal de Quebec

L’aspect magique des sitcoms

Plusieurs acteurs regrettent de voir le genre presque oublié

- MARIE-JOSÉE R. ROY

La sitcom a longtemps fait les beaux jours de la télévision au Québec. Dans les années 1990, elle avait le vent dans les voiles, alors que La petite vie, Km/h, Histoires de filles, Catherine, Radio Enfer

et Moi et l’autre, pour ne nommer que ces titres, figuraient parmi les émissions les plus populaires des différente­s chaînes.

Puis, le genre a presque complèteme­nt disparu vers le milieu des années 2000. Un brin snobé par l’industrie, qui s’est tournée vers d’autres modes – comme les comédies dramatique­s plus léchées, à la Rumeurs – pour générer de la cote d’écoute, le rire « en canne », qui agrémentai­t souvent les scènes enregistré­es devant public, a perdu ses lettres de noblesse.

Mais tout n’est pas perdu pour la sitcom, qui se repointe timidement dans nos écrans. La

Madame Lebrun de Benoît Brière a cartonné dès ses premières répliques sur les ondes de Super Écran, en 2015, preuve que la demande est encore présente pour ce style de télévision.

Et Rue King, avec ses saynètes improvisée­s, était l’un des gros morceaux de la nouvelle offre de Club illico au printemps, et s’ajoutera cet automne à la programmat­ion de TVA, où elle risque sûrement d’attirer un vaste auditoire.

UN MANQUE

Plusieurs acteurs s’étant bâti une notoriété grâce aux sitcoms regrettent que l’étoile du genre, à la jonction entre la télévision et le théâtre, ait pâli avec les années.

« Je cherche encore une sitcom actuelle, une comédie de situation tournée dans trois ou quatre décors », avance Michel Barrette, qui a fait la pluie et le beau temps dans son personnage du macho Denis dans Km/h, de 1998 à 2006.

« Actuelleme­nt, il n’y en a pas, et je trouve qu’il y a un manque. C’est tourné devant public, c’est très typé, et c’est très efficace. On pourrait dire que c’est caricatura­l, mais c’est aussi ça, l’humour. »

Si elle reconnaît que la formule d’une sitcom est souvent limitée au niveau de l’histoire et des décors, Sylvie Moreau, alias l’inoubliabl­e

Catherine, juge pour sa part qu’on prive les téléspecta­teurs d’un grand bonheur en ne leur permettant plus d’assister aux tournages de comédies télévisées.

« C’est extraordin­aire de voir combien les gens de tous les âges capotent en studio, raconte la comédienne. C’est fascinant pour le public de pouvoir assister aux tournages et d’être participat­if, avec leurs rires et leurs réactions, de voir la mécanique, avec les caméras… »

RIRES ÉNERGISANT­S

« Avoir le rire immédiat du public, c’était indescript­ible. Ça insuffle une énergie incroyable. De tous les projets dans lesquels j’ai joués, la formule qui m’a le plus fait “triper”, c’était ça », renchérit pour sa part Sonia Vachon, qui incarnait Sylvie dans Km/h.

« Je ne sais pas si un jour la chance me sera redonnée de jouer dans une sitcom, hasarde à son tour Marie-chantal Perron, qui partage la même nostalgie que ses collègues après avoir traversé 10 ans d’histoires de filles. Souvent, nous, on ne faisait qu’une seule prise, et les rires qu’on entendait à la télévision étaient vraiment ceux des gens dans la salle et qui nous étaient fidèles. Ils avaient droit à des petits “bloopers”, des petits fous rires. C’était vraiment sympathiqu­e ! »

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PHOTO D’ARCHIVES Gildor Roy, Sophie Lorain et Michel Barrette dans Km/h.

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