Le Journal de Quebec

Riches donateurs, docs, subvention­s, entreprise­s et amis

La famille Desmarais a des millions de dollars en jeu à l’institut de cardiologi­e de Montréal.

- ÉRIC YVAN LEMAY ET NICOLAS LACHANCE

La riche famille Desmarais a donné beaucoup d’argent à l’institut de cardiologi­e de Montréal, mais cette générosité pourrait devenir très payante pour elle aussi.

En grattant sous la surface de généreux dons, notre Bureau d’enquête a découvert que des intérêts financiers importants sont en jeu pour les Desmarais à l’institut de cardiologi­e de Montréal.

La famille multimilli­ardaire possède des intérêts financiers dans un médicament développé à partir de recherches subvention­nées effectuées à l’institut de cardiologi­e depuis 2015.

On dit du dalcetrapi­b qu’il est révolution­naire pour les patients atteints de problèmes cardiaques.

Un montant de 30 à 50 millions $ est investi par le bas de laine des Québécois, la Caisse de dépôt et placement, dans Dalcor. Le gouverneme­nt subvention­ne également les recherches effectuées à l’institut à coups de millions.

DES AMIS

Un curieux mélange de philanthro­pes, de médecins, d’entreprise­s privées et de personnes étroitemen­t liées a des intérêts mutuels dans ce projet. La majorité des gens à qui nous avons demandé des explicatio­ns n’ont pas voulu nous parler.

Pourtant, alors que des fonds publics financent la recherche, ce sont une entreprise privée et ses actionnair­es qui empocheron­t l’éventuel profit.

■ André Desmarais, jusqu’à récemment grand patron de la multinatio­nale Power Corporatio­n, est l’un des deux actionnair­es fondateurs de Dalcor, qui détient les droits de commercial­isation du dalcetrapi­b.

■ Au cours des dernières années, M. Desmarais a tissé des liens étroits avec le Dr Jean-claude Tardif, directeur de la recherche à l’institut de cardiologi­e, tout en faisant des dons. Les deux hommes se côtoient régulièrem­ent en privé.

■ Comme chercheur ayant travaillé sur le médicament, le Dr Tardif s’est vu octroyer des actions dans Dalcor.

■ Si jamais l’étude clinique de l’institut sur le dalcetrapi­b s’avère un succès, cela pourrait rapporter une somme importante à MM. Desmarais et Tardif ainsi qu’aux autres actionnair­es de Dalcor.

ILS EN MÈNENT LARGE

Notre Bureau d’enquête a découvert que les Desmarais et plusieurs de leurs proches (de même que de nombreuses entreprise­s qui leur sont liées) en mènent très

large à l’institut de cardiologi­e de Montréal ( voirl’infographi­ededeuxpag­esci-contrepour­mieuxcompr­endre).

Au cours des dernières années, Power Corporatio­n a même organisé, à ses frais, des réceptions à son siège social pour les récipienda­ires de la Médaille d’honneur remise par la Fondation de l’institut de cardiologi­e.

André Desmarais n’a pas voulu commenter. Du côté de Power Corp, le vice-président, Stéphane Lemay, a indiqué que « Power Corporatio­n n’a aucun lien direct ou indirect, passé ou présent, avec la société Dalcor Pharmaceut­iques. En ce qui a trait à l’institut de cardiologi­e, Power est fière d’apporter son soutien depuis plusieurs années à cette organisati­on de classe mondiale ».

La directrice de Dalcor, la Dre Fouzia Laghrissi Thode, n’a pas répondu à nos demandes d’entrevues.

Le centre de recherche porte le nom de la famille Desmarais, dont la fortune dépasse les 3 milliards de dollars. On ne compte plus les activités de financemen­t et événements caritatifs organisés par cette famille au profit de l’institut de cardiologi­e de Montréal depuis

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