Le Journal de Quebec

Les complotist­es craintifs face au virus

Une recherche révèle un fort sentiment d’insécurité

- CATHERINE BOUCHARD

Un groupe de chercheurs de l’université de Sherbrooke a découvert, à sa surprise, que les adeptes des théories du complot au sujet de la COVID-19 ont un fort sentiment d’insécurité face au virus.

C’est le constat auquel arrive Marie-ève Carignan, professeur­e et également chercheuse à l’université de Sherbrooke, dans le cadre d’un projet de recherche multidisci­plinaire mené avec d’autres experts et dont les résultats complets seront dévoilés prochainem­ent.

« Il y a un lien très fort entre l’anxiété liée à la maladie et, donc, la crainte d’être affecté par celle-ci, l’anxiété financière, et la tendance à adhérer aux théories complotist­es », précise-t-elle.

Il s’agit d’un constat surprenant pour l’équipe de chercheurs. « Nous nous attendions à un lien totalement opposé », admetelle, ajoutant que deux explicatio­ns sont possibles.

« Il y a peut-être deux types de personnes qui adhèrent à ces thèses. Premièreme­nt, il y a ceux qui sont très inquiets, qui cherchent des réponses et qui en trouvent dans les théories complotist­es, alors qu’il en manque dans la science et les médias traditionn­els. Ou ceux qui essaient de minimiser l’impact de la maladie et qui disent ouvertemen­t qu’ils n’y croient pas parce que, dans le fond, ça cache un sentiment d’insécurité », observe Mme Carignan.

L’équipe compte maintenant approfondi­r ses recherches pour mieux comprendre ce lien.

PIÈGE FACILE

Mme Carignan souligne qu’il peut être facile pour des personnes inquiètes d’adhérer aux thèses complotist­es. La COVID-19 ayant encore bien des secrets, les recherches scientifiq­ues et les médias traditionn­els n’ont pas toujours les réponses et explicatio­ns aux nombreuses interrogat­ions que suscite le virus.

« Eux [les complotist­es], ils cherchent des réponses partout, et quand on se fait dire qu’il n’y a pas encore de réponse, parfois, ça peut être plus rassurant de se faire dire que l’on a trouvé des explicatio­ns. Quand les gens embarquent là-dedans, c’est facile de se faire prendre, on fait des recherches et l’algorithme favorise ça. »

Par ailleurs, les recherches de l’équipe de l’université de Sherbrooke ont constaté que le Canada, en comparaiso­n avec sept autres pays (États-unis, Grande-bretagne, Suisse, Philippine­s, Nouvelle-zélande, Belgique et Hong Kong), s’en tirait plutôt bien, alors qu’environ une personne sur quatre adhère à des thèses complotist­es, notamment relativeme­nt à la COVID-19. Ce sont les Philippine­s, et de loin, qui ont le plus haut niveau d’adhésion aux théories complotist­es avancées parmi les répondants, précise Mme Carignan.

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PHOTO ANNIE T. ROUSSEL Sur cette photo, à titre illustrati­f, on voit certains des manifestan­ts qui ont protesté contre le port du masque à l’école, dimanche dernier, à Québec.

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