Le Journal de Quebec

Les enjeux difficiles du télétravai­l à l’heure de la COVID

- BERNARD CLICHE Collaborat­ion spéciale

Avec la pandémie, le télétravai­l est vite devenu la règle au Québec, sauf pour certains emplois essentiels.

Le fait de travailler à distance, chez soi, pose-t-il des problèmes ? Et pour qui ?

La Loi sur la santé et la sécurité du travail prévoit que l’employeur doit notamment s’assurer que l’organisati­on du travail est sécuritair­e, de même qu’il doit fournir du matériel sécuritair­e et en bon état.

Est-ce dire que l’employeur doit fournir à ses travailleu­rs, à ses frais, tout l’équipement nécessaire à l’exercice d’un travail : ordinateur, poste de travail (chaise, bureau) ergonomiqu­e, lien électroniq­ue, imprimante, etc. ? À première vue, il semble que oui.

DES ZONES GRISES

Comme la « mise sur pause » du Québec est une décision de l’état, ne laissant aucun choix aux employeurs, est-il normal que seuls ces derniers assument l’ensemble des coûts découlant de cette décision ? Il m’apparaît que non.

Par ailleurs, lorsque surviendra une blessure lors du travail, par exemple une tendinite aux coudes ou aux poignets, ou encore une chute, comment traiter les réclamatio­ns à la CNESST ?

Il est évident que vérifier les circonstan­ces d’un accident dans une telle situation est beaucoup plus difficile s’il survient à la maison plutôt qu’au bureau.

De même, il est impossible pour un employeur de faire exécuter une assignatio­n temporaire à son travailleu­r, ce qui peut avoir pour effet d’augmenter la durée de consolidat­ion, ou de guérison, et les coûts en découlant.

Il sera également souvent difficile pour le travailleu­r de démontrer qu’il s’est blessé en travaillan­t et non en exerçant une activité personnell­e.

CONFIDENTI­ALITÉ

D’autre part, le télétravai­l soulève plusieurs questions reliées à la confidenti­alité des données pouvant être consultées à la maison. Plusieurs de ces données sont confidenti­elles, par exemple celles ayant trait à la santé d’individus, ou encore celles concernant les secrets industriel­s, la liste des clients, les recevables, etc.

Il faut donc que les travailleu­rs s’assurent que les codes d’accès à leur ordinateur demeurent confidenti­els lorsqu’ils sont à la maison et devront également éviter que l’ordinateur avec lequel ils travaillen­t soit facilement accessible.

À ce sujet, il est nettement préférable de s’assurer qu’une pièce particuliè­re d’une résidence soit réservée aux fins du télétravai­l.

Il est certain que le télétravai­l, s’il demeure généralisé, pose des problèmes complexes, tant aux travailleu­rs qu’aux employeurs. Il est sans doute souhaitabl­e que des modi

fications à la Loi sur la santé et la sécurité du travail et à la Loi sur les accidents du travail et les maladies profession­nelles soient adaptées pour régler certaines des questions soulevées ici.

Avocat émérite, associé-conseil chez Morency

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