Le Journal de Quebec

UN COUP DE COUTEAU DANS LE COEUR

- RÉJEAN TREMBLAY Le Journal de Montréal

CHANDLER | Jean Perron a été congédié, il a été trahi par des patrons, il a subi des moqueries dans les médias, mais il absorbait les coups en se disant que ça faisait partie de la vie dans l’univers compétitif du hockey et des médias.

Il y a un coup qu’il n’a jamais vu venir. Un coup au coeur qui l’a laissé pantois, blessé, meurtri. Qui a transformé sa femme, Carole, en une louve prête à mordre celui qui avait fait si mal à son amour. C’est tout récent et ça vient d’un homme qu’il admirait et appréciait.

« On était en vacances au Mexique. Je m’étais apporté trois livres à lire sur la plage. Une biographie d’albert Einstein, la biographie de Scotty Bowman par Ken Dryden et le livre de Serge Savard. Je gardais Savard pour le dessert. Je me suis mis à lire et à un moment donné, j’ai lu le passage où il parlait de moi et de la coupe Stanley de 1986. En écrivant que je n’avais pratiqueme­nt rien à voir dans cette coupe. Et tout le reste, venant d’un homme avec qui j’avais des relations de confiance, je n’en revenais pas. J’ai jeté le livre aux poubelles et je n’ai pas dormi de la nuit », relate Perron, un léger tremblemen­t dans la voix.

AVEC DAVE MORISSETTE

Mais le coup de poignard final s’en venait : « À un moment donné, pendant la pandémie, TVA Sports a passé une entrevue avec Serge Savard pour parler de notre coupe de 1986. Il a répété à Dave Morissette les mêmes histoires. J’étais sidéré. J’étais foudroyé », de reprendre Perron.

Cette fois, il a pris le téléphone et appelé Savard. Avec véhémence, il lui a dit ce qu’il pensait : « Il répétait qu’il était désolé de m’avoir blessé… »

Perron ne comprend toujours pas. Le coach reconnaît même qu’il aurait mieux aimé que Jacques Lemaire poursuive une saison de plus derrière le banc. Mais il raconte comment il a imposé Patrick Roy le soir du 5 octobre lors d’un souper à Pittsburgh avant le début de la saison. C’était l’anniversai­re de Cas

seau et de Mario Lemieux et Perron se rappelle ce souper avec Roy comme si c’était d’hier : « À chaque saison, notre record s’améliorait. Quand j’ai été congédié par Savard, je venais de mener le club à une saison de 103 points. Et soit dit en passant, il ne m’a jamais payé ma part venant de l’équipe de la Coupe Stanley de 1986. Je suppose que je ne faisais pas partie de sa gang », dit-il aujourd’hui.

La douleur, même sur la mer devant le rocher Percé, est encore vive. Brûlante.

En fait, qui donc pouvait gagner d’un tel commentair­e ? Serge Savard ?

Même pas. Personne.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES ?? Jean Perron a remporté la coupe Stanley en 1986. Il pose ici avec Serge Savard, Ronald Corey et Bob Gainey.
PHOTO D’ARCHIVES Jean Perron a remporté la coupe Stanley en 1986. Il pose ici avec Serge Savard, Ronald Corey et Bob Gainey.

Newspapers in French

Newspapers from Canada