Le Journal de Quebec

ENFINLAPAI­X ENGASPÉSIE

- RÉJEAN TREMBLAY rejean. tremblay@ quebecorme­dia.com

Chandler s’étire le long de l’océan. Qu’on regarde de n’importe quel côté, c’est toujours beau. Paraît que même l’hiver, quand le vent balaie la péninsule et se charge sur la mer, c’est poignant à admirer.

En roulant sur la 132, on passe devant la Loge à Perron. Le petit restaurant de 14 places de Carole Chedore a d’ailleurs été mis en vente cette semaine. Mais ça va encore s’appeler la Loge à Perron et il se pourrait que l’ancien coach du Canadien y passe prendre son lunch.

Parce que Jean Perron est profondéme­nt heureux dans sa Gaspésie et qu’il a la ferme intention de continuer à vivre des heures magiques avec Carole Chedore… la femme qu’il a suivie à Chandler.

Oubliez les chicanes avec Pierre Rinfret et François Gagnon à 110 %, laissez faire les commentair­es crèvecoeur de Serge Savard, oubliez le stress de la jungle médiatique et les trous asphaltés de Montréal. C’est à Chandler qu’on retrouve le vrai Jean Perron. L’universita­ire fort d’une maîtrise, l’homme cultivé par des centaines de livres et des voyages aux quatre coins du monde et l’humain heureux au milieu de gens qui l’ont adopté comme un des leurs.

À Chandler, et dans un bungalow où une fabuleuse photo de Bob Fisher de la parade folle de 1986 nous accueille dans le portique.

C’est ce qu’il y a de plus extravagan­t dans la modeste demeure du couple. Carole, qui travaille dans le milieu bancaire, a été claire : « Si tu veux une plus grande maison, va falloir que tu trouves une femme de ménage », lui a-t-elle dit avec la franchise d’une Gaspésienn­e.

LA PASSION ET ENCORE LA PASSION

Ça va bientôt faire 10 ans que Carole et Jean Perron se sont rencontrés. Et la femme ne se prive pas de le dire.

« Nous autres, c’est la passion. La vraie passion. Si j’arrête de travailler, ça va être pour profiter encore plus de mon temps avec Jean. Je suis prête à jouer au golf, mais c’est avec lui que je veux jouer. Je voyage avec lui, il m’a emmenée en Israël et ailleurs, et j’ai savouré chaque moment. C’est la passion et je ne veux rien d’autre », disait-elle en garnissant la table de crabes des neiges et de homards.

Jean Perron avait été attiré à Chandler pour être invité d’honneur du 40e tournoi de golf du club régional. La présidente était évidemment Carole Chedore, qui l’avait accueilli à l’aéroport.

Mais elle était encore en couple à l’époque et les deux avaient gardé leurs distances. Comme il se doit. Mais quand même, on avait remis un tableau à Perron pour le remercier et à cause du petit avion le ramenant à Montréal, il avait demandé à Carole de le renvoyer autrement à son domicile.

« C’est un rusé, il m’a donné son numéro de téléphone pour que je le contacte si nécessaire », dit-elle.

Ça devait finir par arriver. Madame la présidente a appelé. Elle était maintenant libre. Elle s’est retrouvée à Brossard à un entraîneme­nt du Canadien.

Le reste… it’s history. « Quand j’ai essayé le char, j’ai bien vu que ça roulait encore tempête », dit-elle en riant.

À la table, Jean Perron rit de bon coeur. Il

raconte qu’au début, il passait deux semaines à Chandler et deux semaines à Montréal. Dix heures de route chaque fois. Il y a cinq ans, les deux amoureux ont convenu que le temps était venu de faire le grand saut. Carole rêvait d’un restaurant, Jean rêvait de gens vrais. Chandler était parfait.

UN AIR D’ACADIE

On a passé des soirées et une journée magiques sur un bateau de pêche de Richard Desbois, un de ses amis. À plusieurs détours des conversati­ons, l’acadie et les Aigles bleus de Moncton revenaient se mêler aux histoires.

« À part la coupe Stanley avec le Canadien, ma grande satisfacti­on de toute ma vie dans le hockey, c’est ce que j’ai vécu avec les Aigles bleus à Moncton. J’ai été un coach respecté et aimé dans une culture acadienne qui est venue me toucher en plein coeur. Le peuple acadien est magnifique. Quand j’étais avec les Aigles bleus, j’emmenais mes joueurs sur le parvis de l’église protestant­e à Grand-pré, en Nouvelle-écosse, là où les Anglais ont déporté tant d’acadiens, et je disais à mes joueurs: “C’est ici que les Anglais ont déporté vos ancêtres. Cette église était à vous. Vous n’avez pas le droit de perdre contre Acadia University. Vous devez les battre. Vous le devez aux vôtres” », raconte-t-il avec du feu dans les yeux.

Il a lu sur l’horrible déportatio­n, il a parcouru tout le Nouveau-brunswick sur une Honda Shadow 750 qui a fini ses jours en pourrissan­t dans un garage.

« Quand j’ai déménagé de Moncton pour venir avec le Canadien, Serge Savard a reçu la facture du déménageme­nt. Ça montait à 5000 $. Il me demande ce qui avait coûté si cher à déménager. Je lui ai expliqué qu’il y avait mon ménage, mes affaires… et mon bicycle à gaz. Serge m’a arrêté net : “J’ai déjà assez de trouble avec le maudit bicycle à Guy Lafleur, si j’apprends que quelqu’un t’a vu sur une moto, je te mets dehors” », raconte Perron en riant.

Cette Acadie qu’il aime tant, Perron en retrouve les accents et les effluves en Gaspésie.

Il est enfin de retour chez lui.

Lui, le gars natif de Sherbrooke.

 ??  ??
 ??  ??
 ?? PHOTOS COURTOISIE
REYNALD BRIÈRE ?? L’air du large gaspésien comble de bonheur Jean
Perron. L’exentraîne­ur-chef du Canadien, qui a gagné la coupe Stanley en 1986,
partage aujourd’hui la vie
de Carole Chedore, avec qui il a même ouvert un petit restaurant il y a quelques années.
PHOTOS COURTOISIE REYNALD BRIÈRE L’air du large gaspésien comble de bonheur Jean Perron. L’exentraîne­ur-chef du Canadien, qui a gagné la coupe Stanley en 1986, partage aujourd’hui la vie de Carole Chedore, avec qui il a même ouvert un petit restaurant il y a quelques années.
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada