Les 18 à 30 ans sont les moins réceptifs aux outils de surveillance
Propulsé par la pandémie, le télétravail est aujourd’hui utilisé par la majorité des entreprises et plusieurs outils sont disponibles pour surveiller leurs travailleurs. Accepteriez-vous que des caméras dans votre ordinateur calculent votre temps de travail ?
C’est notamment ce que le professeur de l’école nationale d’administration publique, Étienne Charbonneau, et son collègue Carey Doberstein, de l’université de la Colombie-britannique, ont tenté de mesurer.
Ils ont contacté 3000 travailleurs à travers le pays dans le secteur public afin de connaître leur limite concernant les technologies de surveillance au bureau ainsi qu’en télétravail.
L’une des conclusions est que la majorité des répondants considèrent l’utilisation de ces produits par des compagnies comme étant déraisonnable.
Joint par Le Journal, M. Charbonneau fait état de plusieurs solutions déjà disponibles sur le marché canadien et américain pour les employeurs préoccupés par la productivité de leur personnel.
Il donne comme exemple d’outils des enregistreurs de frappe par heure, des appareils permettant des captures de photos aléatoires, des logiciels de reconnaissance faciale, des solutions qui analysent le discours des employés et des logiciels de messagerie permettant de connaître l’ambiance au bureau.
Selon l’étude, les technologies les plus répréhensibles sont les caméras cachées au bureau, les solutions analysant le discours de l’employé à travers le volume et le ton de sa voix ainsi que la prise de photos aléatoires.
ATTACHEMENT À LA VIE PRIVÉE
Malgré le fait qu’ils ont grandi avec l’existence des médias sociaux, les gens de 18 à 30 ans sont les moins réceptifs visà-vis de ces outils de surveillance.
« Ils les trouvent plus intrusifs et moins raisonnables », note M. Charbonneau. « Les jeunes sont plus sensibles à la vie privée qu’on le pensait », ajoute-t-il.
Ce dernier affirme que lorsque certains dossiers concernant l’utilisation de ces produits se retrouvent devant les tribunaux, les juges ou les arbitres sous-estiment souvent « l’attachement à la vie privée » des gens.
OBLIGATION D’INFORMER
Par ailleurs, le chercheur ajoute que pour l’installation de caméras de surveillance, l’entreprise doit informer son personnel, ce qui n’est pas toujours le cas.
« En réalité, souvent, c’est fait sans avertir les employés. Il faut avoir une plainte et le processus peut être long », déplore M. Charbonneau.
« Lorsqu’il y a une décision, la technologie est déjà dépassée », ajoute le professeur.
Les outils de surveillance les plus acceptés par les Canadiens sont les applications de bien-être, comme certains produits Fitbit permettant de mesurer les efforts physiques.
L’utilisation de logiciels enregistrant les sites web visités et le temps passé est également davantage tolérée.