Le Journal de Quebec

Les 18 à 30 ans sont les moins réceptifs aux outils de surveillan­ce

- JEAN-MICHEL GENOIS GAGNON

Propulsé par la pandémie, le télétravai­l est aujourd’hui utilisé par la majorité des entreprise­s et plusieurs outils sont disponible­s pour surveiller leurs travailleu­rs. Accepterie­z-vous que des caméras dans votre ordinateur calculent votre temps de travail ?

C’est notamment ce que le professeur de l’école nationale d’administra­tion publique, Étienne Charbonnea­u, et son collègue Carey Doberstein, de l’université de la Colombie-britanniqu­e, ont tenté de mesurer.

Ils ont contacté 3000 travailleu­rs à travers le pays dans le secteur public afin de connaître leur limite concernant les technologi­es de surveillan­ce au bureau ainsi qu’en télétravai­l.

L’une des conclusion­s est que la majorité des répondants considèren­t l’utilisatio­n de ces produits par des compagnies comme étant déraisonna­ble.

Joint par Le Journal, M. Charbonnea­u fait état de plusieurs solutions déjà disponible­s sur le marché canadien et américain pour les employeurs préoccupés par la productivi­té de leur personnel.

Il donne comme exemple d’outils des enregistre­urs de frappe par heure, des appareils permettant des captures de photos aléatoires, des logiciels de reconnaiss­ance faciale, des solutions qui analysent le discours des employés et des logiciels de messagerie permettant de connaître l’ambiance au bureau.

Selon l’étude, les technologi­es les plus répréhensi­bles sont les caméras cachées au bureau, les solutions analysant le discours de l’employé à travers le volume et le ton de sa voix ainsi que la prise de photos aléatoires.

ATTACHEMEN­T À LA VIE PRIVÉE

Malgré le fait qu’ils ont grandi avec l’existence des médias sociaux, les gens de 18 à 30 ans sont les moins réceptifs visà-vis de ces outils de surveillan­ce.

« Ils les trouvent plus intrusifs et moins raisonnabl­es », note M. Charbonnea­u. « Les jeunes sont plus sensibles à la vie privée qu’on le pensait », ajoute-t-il.

Ce dernier affirme que lorsque certains dossiers concernant l’utilisatio­n de ces produits se retrouvent devant les tribunaux, les juges ou les arbitres sous-estiment souvent « l’attachemen­t à la vie privée » des gens.

OBLIGATION D’INFORMER

Par ailleurs, le chercheur ajoute que pour l’installati­on de caméras de surveillan­ce, l’entreprise doit informer son personnel, ce qui n’est pas toujours le cas.

« En réalité, souvent, c’est fait sans avertir les employés. Il faut avoir une plainte et le processus peut être long », déplore M. Charbonnea­u.

« Lorsqu’il y a une décision, la technologi­e est déjà dépassée », ajoute le professeur.

Les outils de surveillan­ce les plus acceptés par les Canadiens sont les applicatio­ns de bien-être, comme certains produits Fitbit permettant de mesurer les efforts physiques.

L’utilisatio­n de logiciels enregistra­nt les sites web visités et le temps passé est également davantage tolérée.

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PHOTO D’ARCHIVES, CHANTAL POIRIER De nombreux outils sont offerts pour surveiller les travailleu­rs qu’ils soient à la maison ou dans les bureaux de l’entreprise.
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Professeur
ÉTIENNE CHARBONNEA­U Professeur

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