Quand les jeunes font plier Legault
Le gouvernement Legault, réputé pour sa connexion avec les Québécois, semble avoir égaré sa boussole populaire. Après avoir sous-estimé le ressac que provoquerait l’annulation des activités parascolaires pour plus d’un mois, il a plié en partie sous la pression.
Pour une deuxième fois consécutive, le gouvernement caquiste termine la semaine en tentant d’étouffer une tempête qu’il a provoquée.
La semaine dernière, c’est le ministre Pierre Fitzgibbon qui a craqué une allumette près d’un réservoir de propane, affirmant que Québec voulait attirer les compagnies pharmaceutiques avec la vente des données de santé des citoyens.
Cette semaine, c’est le ministre de l’éducation Jean-françois Roberge qui a bousillé sa rentrée scolaire avec une décision dont il avait mal évalué les conséquences.
Il a provoqué une réaction épidermique en annonçant jeudi que les activités parascolaires et les programmes Sport-études impliquant des élèves de plus d’une classe seraient suspendus pendant au moins un mois.
Résultat, les directions d’écoles, les parents et les jeunes eux-mêmes sont montés au front. Quelques centaines d’adolescents ont même tenu une manifestation près du parlement hier pour exprimer colère et déception.
François Legault, qui craignait une mobilisation encore plus importante durant le week-end, a dû sortir en mêlée de presse pour calmer le jeu et reculer partiellement. Ainsi, ce qui était un mois pour Jean-françois Roberge jeudi est devenu deux semaines. Si tout se passe bien, les activités pourront reprendre le 14 septembre.
NERVOSITÉ ET DÉBATS INTERNES
De toute évidence, le ministre Roberge est devenu nerveux. Vendredi dernier, il a décidé avec la Santé publique d’imposer cette période d’abstinence d’activités sportives entre jeunes de différentes classes.
Selon nos informations, sa collègue des Sports, Isabelle Charest, en a alors été informée et a exprimé son désaccord. « Il y a eu des débats internes », se limite-t-on à dire au gouvernement.
Lorsqu’elle a donné le feu vert à la reprise des sports avec l’appui de la Santé publique en juin, les fédérations se sont rapidement organisées et tout s’est bien déroulé pendant l’été.
Pourquoi donc rien de tout cela ne tiendrait à l’école, où les jeunes sont encore plus encadrés ?
TÂCHE INGRATE
La tâche du ministre Roberge est ingrate. Il a voulu mettre toutes les chances de son côté pour réduire le risque d’éclosion et s’assurer d’une reprise en douceur. Montrer qu’il était en contrôle, ce qui est louable.
Mais il a provoqué un tollé.
Quatre écoles secondaires de Québec ont même reporté la rentrée d’une semaine, pour réorganiser leurs activités et revoir leur offre de programmes à la lumière de ces directives.
Le gouvernement Legault soutient que les centres de services avaient été avisés en juin.
Pourtant, au contraire, dans le communiqué de presse du plan pour la rentrée scolaire diffusé le 16 juin, il est écrit que « les consignes sur la pratique du sport en milieu scolaire seront les mêmes que celles prévues pour les fédérations sportives » !
Le ministre Roberge aurait dû s’assurer de donner des directives limpides lorsqu’il a présenté son plan de match ajusté le 10 août.
Quand le patron est obligé de sortir vendredi, 24 heures après son ministre, en disant : « Je veux que ce soit encore plus clair qu’hier », il y a un problème.
Au gouvernement, on insiste pour dire que ce n’est pas une rentrée comme les autres. « On a senti une absence de recul dans la réaction des gens », nous dit-on, en rappelant que l’important était d’assurer un retour en classe sécuritaire.
« Est-ce que le sport était la priorité des priorités ? Non. »
Le gouvernement a sûrement pris des notes. La pratique du sport chez les jeunes est devenue une corde sensible...