Le Journal de Quebec

DÉSABUSÉE PAR LA JUSTICE

Une peine trop légère pour son agresseur

- PATRICK BELLEROSE

Marjorie Bourbeau peine toujours à croire que l’ex-député libéral qui l’a agressée sexuelleme­nt ait pu s’en tirer avec seulement 50 heures de travaux communauta­ires.

Déçue de la peine de 50 heures de travaux communauta­ires imposée au député libéral qui l’a agressée sexuelleme­nt, Marjorie Bourbeau dit comprendre les victimes qui dénoncent sur les réseaux sociaux de façon anonyme.

« Personnell­ement, je n’ai rien contre ça, au contraire. Pour avoir passé au travers du processus de la justice, ça ne vaut même pas la peine », lance, dépitée, l’ex-conseillèr­e municipale de Saint-adolphe-d’howard, Marjorie Bourbeau.

Le 26 mai 2017, après une soirée arrosée, celui qui était alors député d’argenteuil a insisté pour dormir chez Mme Bourbeau. Celle-ci accepte, tout en précisant qu’il dormira sur le divan.

M. St-denis s’est toutefois glissé dans le lit de la femme de 40 ans au cours de la nuit ; il « s’est mis à m’embrasser dans le cou, il me donnait plein de becs partout dans la face », a rapporté Marjorie Bourbeau au procès, au palais de justice de Saint-jérôme.

L’an dernier, Yves St-denis a été condamné à 50 heures de travaux communauta­ires.

À la même époque, le hasard a voulu que la victime se voie imposer une peine plus sévère, pour un excès de vitesse.

« Moi, j’ai eu 72 heures de travaux communauta­ires pour un ticket de vitesse », lance Mme Bourbeau, révoltée par cette iniquité des peines.

PROCESSUS DIFFICILE

L’expérience du système de justice a laissé un goût amer à Marjorie Bourbeau. Comme bien des victimes d’agressions sexuelles, elle dénonce un processus difficile où la crédibilit­é de la plaignante est remise en doute.

Pour cette raison, elle dit comprendre celles qui choisissen­t de dénoncer publiqueme­nt, sans porter plainte à la police.

Elle-même avait raconté son histoire sur la place publique, après que les médias eurent rapporté qu’une employée politique avait reçu une photo explicite non sollicitée de M. St-denis en 2014.

« Sortir dans les médias m’a donné le courage de porter plainte par la suite », affirme-t-elle.

Du même souffle, elle appuie celles et ceux qui ont dénoncé leurs présumés agresseurs sur des listes anonymes cet été.

« En tant que victime, ça fait en sorte que tu vas arrêter de faire des cauchemars et dormir l’esprit tranquille parce que, dans ta tête, justice est faite et tu ne te sens plus comme une balle de ping-pong radioactiv­e », illustre-t-elle.

« FAIRE CHANGER » LES CHOSES

Malgré tout, elle invite les victimes qui s’en sentent capables à continuer de porter plainte à la police, dans le but de réformer le système de justice.

« La seule manière de faire changer le système de justice, c’est d’être nombreuses et nombreux à l’inonder de vrais cas, faitelle valoir. Par contre, si la personne n’est pas faite forte, en tant que victime je lui dirais : ne le fais pas. »

Besoin d’aide ? Vous pouvez contacter les Centres d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) ou le regroupeme­nt québécois des Centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS).

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PHOTOS MARTIN ALARIE ET D’ARCHIVES, JEAN-FRANÇOIS DESGAGNÉS L’ex-conseillèr­e municipale de Saint-adolphe-d’howard, Marjorie Bourbeau, juge que son agresseur, l’ex-député Yves St-denis ( en médaillon), a reçu une sentence trop légère.

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