MAGICIEN DE LA DESCENTE
Tristan Lemire figure parmi l’élite mondiale junior en vélo de montagne
Très jeune, Tristan Lemire faisait déjà la loi sur les pistes de vélo de montagne de la province. Promis à un brillant avenir en descente, le Québécois enfourchera bientôt son vélo sur le circuit de la coupe du monde pour en faire son métier. Il attend son entrée avec impatience.
À 16 ans, le jeune homme réalise un rêve. Si plusieurs désirent un jour patiner dans la LNH, lui caressait plutôt cette idée de dévaler à toute vitesse les parcours accidentés de la planète aux côtés des meilleurs riders de la discipline.
Pour faire de la descente en vélo de montagne, il ne faut surtout pas avoir froid aux yeux. Les meilleurs chronos sont réalisés avec le talent, l’intelligence et ce brin de folie flirtant constamment avec les limites maximales.
« L’adrénaline que procure une descente est vraiment quelque chose. La vitesse, les sauts et les virages inclinés amènent de bonnes poussées. Et si on fait une bonne descente, c’est le comble. On se sent si bien sur le vélo », explique le jeune surdoué en entrevue.
Il apprend « sur le tas » les techniques de son sport depuis sa tendre enfance. Une simple descente estivale avec son paternel à Bromont alors qu’il avait six ans lui a donné la piqûre. Dix ans plus tard, il est l’un des plus beaux espoirs sur le globe aux côtés d’américains, d’européens, d’australiens et de Sud-africains.
Puisqu’il cogne au circuit de la coupe du monde junior, certains osent le comparer au skieur acrobatique Mikaël Kingsbury, tant le potentiel est énorme. L’avenir dira s’il sera en mesure de collectionner les exploits et les trophées comme le magicien québécois des bosses sur deux planches. Il serait son pendant sur deux roues.
GRAINE DE CHAMPION
Déjà, il est sur la bonne voie.
Avec des titres au championnat canadien, à la prestigieuse course Crankworx à Whistler l’année dernière, à la course nationale PRO GRT de Mountain Creek 2019 et une multitude de podiums dans des épreuves d’envergure, Lemire a joint les rangs d’une grande équipe professionnelle cet hiver. Avec sa lignée de champions, Commencal Muc-off by Riding Addiction figure parmi les « écuries » de pointe sur le circuit de la coupe du monde.
Peu de temps après avoir signé son premier contrat chez les pros, Lemire a mis, seul, le cap sur l’europe afin de rejoindre ses coéquipiers. Trois voyages qu’il n’est pas près d’oublier puisqu’il a suivi la championne du monde de la discipline, Myriam Nicole, le champion 2018, Amaury Pierron et le double champion junior Thibaut Dapréla.
« C’étaient des expériences extraordinaires. Je suis chanceux d’avoir vécu cela. J’ai appris le fonctionnement d’une équipe et observé comment se déroulent les activités. Et j’ai vu ce que ça prend pour avoir du succès en compétition et gagner », relate Lemire avec humilité. Il a même créché chez le champion du monde, Pierron. C’est comme si Sidney Crosby invitait sous son toit le nouvel espoir des Penguins de Pittsburgh lors du camp d’entraînement.
« Ça nous a permis de mieux nous connaître. J’ai bénéficié de ses trucs et conseils. Suivre les meilleurs et vivre avec eux, c’est parfait pour progresser », assure le jeune homme.
NE RIEN LAISSER AU HASARD
Dans son univers, chaque centième de seconde compte. Atteignant des vitesses hallucinantes (jusqu’à 60 km/h) sur des tracés accidentés et boueux, Lemire ne laisse rien au hasard. Il gagne ses petits centièmes de seconde au fil d’une descente de plus de deux minutes en décelant les petits détails d’une piste. Un don qu’il a peaufiné avec son papa Louis-robert et qui lui a permis de gagner d’importantes courses.
« Pour devenir un bon rider, il faut du talent, de la fluidité, savoir lire les lignes à emprunter sur le parcours et apporter les bons réglages au vélo, énumère l’athlète.
« Pour aller vite et réaliser un bon temps, il faut la bonne trajectoire, savoir doser les passages dans certaines sections du tracé et faire de bonnes relances », renchérit-il.
Et plus que tout, affirme son paternel et fidèle complice sur les pentes depuis dix ans, Louis-robert, « il faut que le vélo franchisse la ligne d’arrivée avec un bon chrono ».
« Un bon cycliste n’est pas nécessairement un bon coureur sur la piste. Il doit atteindre les limites sans tomber. Ce qui n’est pas donné à tout le monde. Certains vont vite, mais chutent huit fois sur dix. »
Bien que Lemire figure parmi l’élite mondiale, il s’inscrit parmi une vague de Canadiens doués. Dans quelques années, les amateurs verront de plus en plus le drapeau de l’unifolié dans les classements internationaux.