Le Journal de Quebec

AUGMENTATI­ON INQUIÉTANT­E DES MORSURES DE CHIENS

Des experts s’inquiètent des effets du confinemen­t sur les relations avec les animaux de compagnie

- ANNE-SOPHIE POIRÉ

Le nombre de cas de morsures de chien a augmenté de façon importante dans plusieurs régions du Québec depuis le début de la pandémie, notamment en raison du confinemen­t.

« Dans une ville, on compte environ deux cas de morsure par année, mais là, depuis le mois de mars, ça monte à 15 ou 30 à certains endroits », détaille la directrice générale de la SPCA Lanaudière Basses-laurentide­s, Lucie Duquette.

Sans pouvoir chiffrer le phénomène précisémen­t, l’ordre des médecins vétérinair­es du Québec constate aussi une augmentati­on du nombre de demandes d’évaluation pour des morsures.

« On a commencé à en parler en avril selon ce que les vétérinair­es nous rapportent », précise la présidente de l’ordre, Caroline Kilsdonk.

PLUS QUE LE DOUBLE QU’EN 2019

À la Société protectric­e des animaux (SPA) de la Mauricie, 29 évaluation­s comporteme­ntales ont été réalisées après une morsure de chien entre mai et août, en plus des autres planifiées la prochaine semaine.

Pour la même période en 2019, on n’en dénombrait que 13.

« On voit qu’il y a une bonne augmentati­on par rapport à l’année précédente », résume le directeur général de la SPA Mauricie, Marco Champagne. « Il y a pas mal de plaintes pour les chiens qui sont lousses. »

STRESS ET HABITUDES

Le confinemen­t a apporté beaucoup de changement­s dans les habitudes des chiens, ce qui accroît bien souvent les risques d’agressions.

« La routine est très importante pour un animal », prévient l’intervenan­te en comporteme­nt canin Simonne Raffa. « Les propriétai­res étaient toujours à la maison. Souvent, les agressions ont lieu lorsque les propriétai­res sont là. Les chiens sont plus excitables. »

« Quand le stress à la maison est plus élevé, on est tous plus à pic. Le chien n’y est pas insensible, il le subira aussi », estime quant à elle Amélie Martel, directrice du bien-être animal à la SPCA de Montréal, qui remarque aussi une hausse des cas de morsures.

Le nombre de contacts avec l’extérieur est un autre facteur qui pourrait expliquer cette augmentati­on.

« Pendant le confinemen­t, tout le monde s’est mis à prendre des marches, les animaux étaient souvent dehors, ajoute Mme Martel. Pour un chien un peu réactif en laisse, les déclencheu­rs d’agressivit­é sont exacerbés. »

SIGNALEMEN­TS

Depuis l’entrée en vigueur de la Loi sur l’encadremen­t des chiens le 3 mars, toute morsure infligée par un chien potentiell­ement dangereux doit être signalée aux autorités par un médecin ou un vétérinair­e.

Mais la hausse des cas n’y serait pas uniquement attribuabl­e, selon certains experts interrogés par Le Journal.

« On a plus que 150 cas de morsures ouverts depuis le début du mois de mars. C’est beaucoup trop pour être juste une augmentati­on des signalemen­ts », fait valoir Mme Duquette, de la SPCA Lanaudière Basses-laurentide­s.

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PHOTOS MARTIN ALARIE ET COURTOISIE Diane Fortier en présence de son chien husky Olaf qui a été attaqué par un bull-terrier en pleine rue à Saint-jérôme. En mortaises, on voit les blessures infligées par les morsures de l’animal agressif sur le husky.
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