Les prix des légumes jouent au yoyo
La sécheresse dans plusieurs champs, le manque de travailleurs et des surplus accumulés en sont des causes
Les contrecoups de la pandémie couplés à la météo ont eu un impact sur le prix des légumes québécois cette année. Si certains produits coûtent 15 % plus cher qu’à pareille date l’an dernier, pour d’autres, c’est tout le contraire.
L’association des producteurs maraîchers du Québec (APMQ) a relevé des variations importantes dans le prix des légumes vendus à sa Place des Producteurs, un marché regroupant une soixantaine d’entreprises à Montréal.
AUGMENTATIONS
Selon des observations faites le 20 août, les prix de l’ail, de la betterave, du brocoli, du céleri, des haricots jaunes, des poireaux, des radis et de la tomate ont tous augmenté de plus 15 % par rapport à la même date l’an dernier.
Pour les courgettes, les haricots verts et la laitue Boston rouge, les prix ont plutôt augmenté de 5 à 15 %.
La météo est en partie responsable de ces hausses de prix, réduisant parfois l’offre de produits. « On a eu une sécheresse atroce avec des problèmes d’irrigation, donc il y a des cultures qui n’ont pas pu être irriguées », rappelle le directeur général de L’APMQ, Jocelyn St-denis.
Un autre facteur majeur est la forte diminution du nombre de travailleurs étrangers accueillis cette année dans les champs, vu la pandémie.
« Les producteurs ont dû s’ajuster, trouver de la main-d’oeuvre locale et réduire leur culture », explique M. St-denis.
Celui-ci affirme que la productivité de la maind’oeuvre locale n’est pas comparable à celle des travailleurs qui viennent d’ailleurs spécifiquement pour travailler dans les champs.
« Dans la très grande majorité des cas, la maind’oeuvre locale faisait deux à trois jours et après ils partaient, avance M. St-denis. [Il fallait] deux à trois travailleurs locaux pour remplacer un travailleur étranger, vous pouvez imaginer les coûts qui sont montés en flèche. »
Selon le Réseau d’aide aux travailleuses et aux travailleurs migrants agricoles du Québec (RATTMAQ) qui offre de l’aide et de l’accompagnement aux travailleurs agricoles étrangers, ces derniers ont été encore plus sollicités aux champs cette année.
« Tu ne peux pas demander à un Québécois de travailler 80 heures par semaine. Il n’y a pas personne qui va accepter de faire ça », explique le coordonnateur de l’organisme, Michel Pilon.
Le dernier avion de travailleurs étrangers au Québec serait prévu pour le 9 septembre selon le RATTMAQ, qui dit avoir accueilli 12 700 travailleurs depuis mars.
« En ce moment, beaucoup de travailleurs arrivent pour les pommes. Ça devrait bien aller pour la culture fruitière », estime M. Pilon.
BAISSES
À l’autre bout du spectre, plusieurs types de choux, de laitues et d’oignons ont vu leurs prix chuter, parfois jusqu’à plus de 15 %.
Le phénomène s’explique surtout par des surplus accumulés par des producteurs.
« Ici, au Québec, on exporte beaucoup de fruits et de légumes aux États-unis. La demande ailleurs elle aussi est [à la baisse], explique M. St-denis. Les gens se retrouvent avec des surplus qu’ils doivent écouler. »
L’industrie maraîchère représente 20 000 travailleurs au Québec et l’équivalent de 360 millions $ en chiffre d’affaires, selon les données de l’association des producteurs maraîchers du Québec.