Le Journal de Quebec

Les prix des légumes jouent au yoyo

La sécheresse dans plusieurs champs, le manque de travailleu­rs et des surplus accumulés en sont des causes

- GABRIELLE MORIN-LEFEBVRE

Les contrecoup­s de la pandémie couplés à la météo ont eu un impact sur le prix des légumes québécois cette année. Si certains produits coûtent 15 % plus cher qu’à pareille date l’an dernier, pour d’autres, c’est tout le contraire.

L’associatio­n des producteur­s maraîchers du Québec (APMQ) a relevé des variations importante­s dans le prix des légumes vendus à sa Place des Producteur­s, un marché regroupant une soixantain­e d’entreprise­s à Montréal.

AUGMENTATI­ONS

Selon des observatio­ns faites le 20 août, les prix de l’ail, de la betterave, du brocoli, du céleri, des haricots jaunes, des poireaux, des radis et de la tomate ont tous augmenté de plus 15 % par rapport à la même date l’an dernier.

Pour les courgettes, les haricots verts et la laitue Boston rouge, les prix ont plutôt augmenté de 5 à 15 %.

La météo est en partie responsabl­e de ces hausses de prix, réduisant parfois l’offre de produits. « On a eu une sécheresse atroce avec des problèmes d’irrigation, donc il y a des cultures qui n’ont pas pu être irriguées », rappelle le directeur général de L’APMQ, Jocelyn St-denis.

Un autre facteur majeur est la forte diminution du nombre de travailleu­rs étrangers accueillis cette année dans les champs, vu la pandémie.

« Les producteur­s ont dû s’ajuster, trouver de la main-d’oeuvre locale et réduire leur culture », explique M. St-denis.

Celui-ci affirme que la productivi­té de la maind’oeuvre locale n’est pas comparable à celle des travailleu­rs qui viennent d’ailleurs spécifique­ment pour travailler dans les champs.

« Dans la très grande majorité des cas, la maind’oeuvre locale faisait deux à trois jours et après ils partaient, avance M. St-denis. [Il fallait] deux à trois travailleu­rs locaux pour remplacer un travailleu­r étranger, vous pouvez imaginer les coûts qui sont montés en flèche. »

Selon le Réseau d’aide aux travailleu­ses et aux travailleu­rs migrants agricoles du Québec (RATTMAQ) qui offre de l’aide et de l’accompagne­ment aux travailleu­rs agricoles étrangers, ces derniers ont été encore plus sollicités aux champs cette année.

« Tu ne peux pas demander à un Québécois de travailler 80 heures par semaine. Il n’y a pas personne qui va accepter de faire ça », explique le coordonnat­eur de l’organisme, Michel Pilon.

Le dernier avion de travailleu­rs étrangers au Québec serait prévu pour le 9 septembre selon le RATTMAQ, qui dit avoir accueilli 12 700 travailleu­rs depuis mars.

« En ce moment, beaucoup de travailleu­rs arrivent pour les pommes. Ça devrait bien aller pour la culture fruitière », estime M. Pilon.

BAISSES

À l’autre bout du spectre, plusieurs types de choux, de laitues et d’oignons ont vu leurs prix chuter, parfois jusqu’à plus de 15 %.

Le phénomène s’explique surtout par des surplus accumulés par des producteur­s.

« Ici, au Québec, on exporte beaucoup de fruits et de légumes aux États-unis. La demande ailleurs elle aussi est [à la baisse], explique M. St-denis. Les gens se retrouvent avec des surplus qu’ils doivent écouler. »

L’industrie maraîchère représente 20 000 travailleu­rs au Québec et l’équivalent de 360 millions $ en chiffre d’affaires, selon les données de l’associatio­n des producteur­s maraîchers du Québec.

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PHOTO COURTOISIE ASSOCIATIO­N DES PRODUCTEUR­S MARAÎCHERS DU QUÉBEC L’agriculteu­r Pierre-luc Turcot cultive des choux dans son champ. Il fait partie de l’un des 650 producteur­s maraîchers du Québec. Le Québec est le deuxième plus grand producteur de fruits et légumes au Canada.
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