Aoun appelle à déclarer le Liban « État laïc »
BEYROUTH | (AFP) Le président Michel Aoun a reconnu hier la nécessité de changer le système politique au Liban et appelé à proclamer un « État laïc », à la veille de la visite du chef de l’état français Emmanuel Macron qui presse pour des réformes.
Quelques heures plus tôt, le chef du puissant Hezbollah pro-iranien Hassan Nasrallah, allié de M.
Aoun, avait annoncé être prêt à discuter d’un nouveau « pacte politique » dans le pays, où les communautés religieuses se répartissent le pouvoir.
Ces annonces sont intervenues à la veille de la désignation d’un nouveau premier ministre, qui devrait être un ambassadeur, Moustapha Adib, choisi par les poids lourds de la communauté sunnite, contrairement aux attentes du mouvement de contestation.
PROTÉGER LE PLURALISME
« Parce que je suis convaincu que seul un État laïc est capable de protéger le pluralisme, de le préserver en le transformant en unité réelle, je demande que le Liban soit déclaré État laïc », a affirmé M. Aoun dans un discours à l’occasion du centenaire du Liban.
Le chef de l’état était resté jusqu’à présent sourd aux revendications de la contestation déclenchée en octobre 2019.
Hier soir, il s’est engagé à « appeler au dialogue les autorités religieuses et les dirigeants politiques afin d’arriver à une formule acceptable par tous » qui nécessiterait des amendements constitutionnels.
CRISE PROFONDE
Le drame du port, dû à la présence d’une énorme quantité de nitrate d’ammonium au port de Beyrouth au vu et au su des responsables, a alimenté la colère de la population.
La catastrophe a fait plus de 6500 blessés et détruit ou endommagé les domiciles de quelque 300 000 personnes, qui n’ont reçu aucune aide du gouvernement.
L’explosion a également mis à genoux le pays qui ployait déjà sous le poids d’une grave crise économique aggravée par la pandémie de coronavirus.
Hier, L’ONU a averti que plus de la moitié de la population risque de manquer d’alimentation de base d’ici la fin de l’année en raison de l’aggravation de la crise économique et de la destruction des silos de blé au port de Beyrouth.
Le Liban a initié des négociations à la mi-mai avec le Fonds monétaire international pour obtenir une aide financière, mais le processus est actuellement au point mort.
Hier, Talal Salman, un conseiller du ministère des Finances impliqué dans les négociations avec le FMI a indiqué avoir présenté sa démission, emboîtant le pas à deux autres membres de l’équipe de négociateurs.