Lettre au nouveau chef conservateur
Le premier ministre Trudeau a récemment annoncé un fonds pour une rentrée scolaire sécuritaire. Il s’agit là d’une autre illustration de l’intrusion du gouvernement fédéral dans les champs de compétences du Québec avec son exaspérant pouvoir de dépenser.
ERIN O’TOOLE,
Bon an, mal an, c’est sans ambages que les divers gouvernements québécois, tous partis confondus, se sont offusqués des multiples impostures du gouvernement fédéral dans les affaires du Québec. Depuis Maurice Duplessis, ils ont à maintes reprises dénoncé les tentatives d’usurpation par Ottawa, de la capacité du Québec à fixer ses priorités spécifiques.
Cela fait un bail que le gouvernement Trudeau a perdu de l’intérêt, voire de la sympathie, aux yeux d’un bon nombre de nos concitoyennes et de concitoyens. Cela est notamment dû à sa posture centralisatrice vis-àvis du Québec.
UN POUVOIR DE DÉPENSER DÉBOUTONNÉ
Comme vous le savez, son gouvernement dispose de ressources fiscales monumentales.
Il ne résiste donc pas à la tentation de s’immiscer et de jouer un rôle prépondérant dans les champs de compétence exclusive du Québec sans y avoir été invité. Vous devinerez alors que le pouvoir de dépenser qu’il détient constitue un réel irritant au sein du fédéralisme canadien.
Il crée des programmes de façon unilatérale. On se souvient de l’affaire « WE Charity ».
Il crée également des programmes au moyen de subventions généralement conditionnelles. La récente annonce relative à un Fonds pour la rentrée scolaire en est une bonne illustration.
La santé et les services sociaux ne sont pas en reste.
Sans l’ombre d’un doute, je puis affirmer que le gouvernement du Québec est le mieux placé pour mettre sur pied des programmes dans l’intérêt des Québécoises et des Québécois. Et cela appelle une question : allez-vous mettre fin au paradigme colonial du fédéralisme canadien ?
UN RÉEL FÉDÉRALISME D’OUVERTURE ?
Le soir et le lendemain de votre élection comme nouveau chef du Parti conservateur du Canada, vous avez déclaré avec force et conviction, votre volonté de respecter le Québec.
Le Québec attend toujours des réponses à ses demandes historiques en matière d’immigration, de culture, de communication et de langue. Et aussi des garanties sur le maintien et la constance de son poids politique à la Chambre des Communes. Aurez-vous l’audace d’y répondre avantageusement ?
Saurez-vous par ailleurs protéger l’intégrité de la loi québécoise sur la laïcité ?
La Loi sur le multiculturalisme canadien nie l’existence de la nation québécoise. Elle crée de la confusion chez une frange importante de nouveaux arrivants. Advenant un vote portant sur un projet de loi destiné à soustraire le Québec de la loi sur le multiculturalisme canadien à la faveur de l’interculturalisme, aurez-vous la force d’âme, vous et votre groupe parlementaire, de l’appuyer ?
Erin O’toole, premier ministre du Canada répondra-t-il favorablement aux demandes historiques du Québec relativement à l’échantillon d’enjeux fondamentaux ici exposé ? Ce serait là une occasion pour vous de tourner le dos à ces contrariants et désolants épisodes de notre histoire. Surprenez-moi !