Un projet de 2 milliards $ qui tombe pile pour François Legault
Il veut faire de la production de batteries la nouvelle Baie-james du Québec
Québec s’apprête à sortir l’artillerie lourde pour justifier un investissement de 2 milliards de fonds publics d’ici 5 à 10 ans dans sa filière électrique, si l’on se fie à l’étude de Mckinsey, commandée par Investissement Québec (IQ), dont Le Journal a obtenu copie.
Pas moins de 25 000 emplois, dont 12 000 liés aux mines à 120 0000 $ par année en région. Des revenus de 5,3 milliards $. Des Rivian, Fiat-chrysler, Mercedes, qui n’attendraient que le Québec développe sa filière de batterie pour ne plus de dépendre de la coréenne LG Chem, peut-on lire dans le document.
« Pour moi, le projet d’électrification, dans son ensemble, est aussi important qu’aurait été à l’époque, dans les années 1960, les centrales électriques », est allé jusqu’à dire le ministre de l’économie, Pierre Fitzgibbon, vendredi dernier, sur les ondes de QUB radio.
« PÉTROLE DU XXIE SIÈCLE »
Extraction du minerai, première transformation, deuxième transformation, recyclage de batteries, fabrication de véhicules commerciaux… la filière de la batterie fait autant saliver le gouvernement Legault que les Paccar, Novabus et La Compagnie Électrique Lion, qui sont au Québec.
Robert Bourassa avait sa Baie-james. Jean Charest, son Plan Nord. François Legault, son Projet Saint-laurent… Il a maintenant son « Plan Électrique ».
« C’est un projet de société, qui peut donner au Québec un positionnement mondial incroyable », estime son ministre de l’économie, Pierre Fitzgibbon.
Pour lui donner vie, l’état devra injecter 2 milliards $ sur les 7 milliards $.
Comme beaucoup d’industries, celle-ci pourrait être gourmande.
Dans l’état du Michigan, la coréenne LG Chem et la chinoise A123 ont eu droit à des centaines de millions de dollars de prêts et crédits des gouvernements. Même chose en incitatifs fiscaux pour Tesla au Nevada, note l’étude de Mckinsey.
BATTERIE QUÉBÉCOISE
Pour avancer, Investissement Québec (IQ) a recruté l’ex-directeur général vedette du Centre d’excellence en électrification des transports et en stockage d’énergie d’hydro-québec, Karim Zaghib, comme « conseiller stratégique ».
Deux ans après avoir vendu sa filiale de moteur électrique TM4 à l’équipementier Dana pour 165 millions $, Hydro-québec conserve 45 % de la coentreprise, et continue d’y injecter de l’argent pour avoir son mot à dire.
« C’est le pétrole du XXIE siècle, dont on aura bientôt besoin pour électrifier les bateaux et les avions », avance Daniel Breton, PDG de Mobilité électrique Canada.
Selon lui, Québec fait bien de miser sur cette filière. « La très grande majorité des batteries viennent d’asie, ce qui rend le développement de nouveaux produits problématique. On l’a vu avec la COVID-19 », ajoute-t-il.
« En plus de faire l’extraction minière, la première et la deuxième transformation, le but de la stratégie batterie, c’est d’attirer au Québec un fabricant de matériaux de cathodes, anodes et de cellules », précise Simon Thibault, directeur de Filière Batteries de Propulsion Québec.
GM, Ford, Tesla, Volkswagen ont soif de batteries et viennent de comprendre que déménager la chaîne d’approvisionnement est un véritable casse-tête. L’EUrope n’a pas les ressources naturelles. Le Québec, oui.
« Ce qui rentre dans la composition de batteries vient de Chine (graphite), du Congo (cobalt), de l’amérique du Sud (lithium), d’indonésie (nickel), ça ne respecte à peu près aucune norme environnementale », souligne M. Thibault.
SÉDUIRE LES GÉANTS
Québec doit approcher les manufacturiers Panasonic, Northvolt et Samsung, qui misent sur l’énergie propre et qui sont à la recherche de cerveaux, mentionne l’étude demandée par Investissement Québec .
Notre territoire a la matière première, ses usines roulent à l’énergie propre et sa main-d’oeuvre qualifiée est mondialement connue, selon Pierre Langlois, consultant en mobilité durable.
« La plupart des experts s’entendent pour dire qu’en 2024 et 2025, les usines de lithium auront soif de matière première. C’est prometteur. Il faut que ça soit fait correctement par contre », conclut-il.
–Avec la collaboration d’yves Daoust