Le Journal de Quebec

Le décaisseme­nt à la retraite, un sablier qui se vide rapidement

L’image qu’on se fait de la retraite s’apparente à une sorte de libération ; bye bye le trouble et les soucis ! On a bossé durant 40 ans, et puis du jour au lendemain, on n’a plus qu’à avoir du fun, ça va y aller tout seul.

- DANIEL GERMAIN daniel.germain@quebecorme­dia.com

Toute notre vie active, on a été bombardé de conseils afin de nous préparer pour ce moment : on nous a dit qu’il fallait épargner et investir, on nous a expliqué comment fonctionne­nt le REER, le CELI et aussi l’immobilier… Après, qu’est-ce qu’on fait ? C’est moins évident.

Pour ceux dont la retraite dépend en bonne partie de leurs épargnes, ce n’est pas banal d’arrêter de travailler et de commencer à vivre sur son pécule. Le coussin ne grossit plus, il rapetisse, et c’est angoissant.

Cette étape exige probableme­nt moins d’efforts financiers que de la planificat­ion et des calculs. On n’insiste pas assez là-dessus.

ÉTAPE NÉGLIGÉE

On appelle cette phase « le décaisseme­nt ». Par rapport à l’étape précédente, « l’accumulati­on », le décaisseme­nt n’est pas un thème très populaire, en tout cas en dehors des milieux spécialisé­s. C’est vrai qu’il est plus accrocheur de parler d’enrichisse­ment que d’appauvriss­ement, car le décaisseme­nt c’est quoi, sinon un sablier qui se vide.

Les articles sur le sujet sont disparates et moins abondants, les livres sont rares et l’innovation dans le domaine, inexistant­e.

Avez-vous entendu parler d’une applicatio­n pour vous aider à maximiser vos retraits FERR ?

Bien sûr, le niveau de vie à la retraite dépend d’abord de ce qu’on aura épargné. Ce n’est pas une stratégie de décaisseme­nt qui viendra nous sauver du désastre.

Par contre, quand on s’est montré prévoyant dans le passé, on peut encore améliorer son sort à cette étape, sans avoir à travailler.

UN CALCUL COMPLEXE

En quoi ça consiste, au fait ? D’abord à faire l’inventaire de ses sources de revenus de retraite : le régime de rente du Québec (RRQ), la pension de la Sécurité de la vieillesse (PSV), le fonds de pension de l’employeur, si on en a un, le REER, le CELI, les comptes non enregistré­s. Pour la majorité de gens, ça se résume à ça.

Ensuite, il faut estimer son train de vie en dollars. Puis il faut aligner les chiffres, évaluer combien de temps notre épargne nous permettra de maintenir ce rythme, et de le réduire si on réalise que les fonds risquent de s’épuiser trop vite.

Si ce n’était que ça, ce serait simple, mais de quel argent vit-on ? De revenu après impôt. La clé est là !

Selon la source de revenus (REER, CELI, compte non enregistré, travail…), l’incidence fiscale diffère. Il faut donc tenir compte de l’impôt, mais aussi de l’impact de ses revenus sur les programmes sociaux, comme le crédit pour la solidarité, le crédit à la TPS, le supplément de revenu garanti et la PSV.

À cela s’ajoutent d’autres considérat­ions qui peuvent faire une grande différence, comme les possibilit­és de fractionne­r ses revenus de retraite avec son conjoint et de repousser à plus tard les prestation­s de la PSV et du RRQ en échange de prestation­s bonifiées.

Tous ces éléments sont interrelié­s. L’ordre dans lequel on puisera dans les différente­s sources de revenus et la cadence à laquelle on le fera peut se traduire par des dizaines de milliers de dollars de plus, ou de moins, sur toute la durée de la retraite.

IL FAUT DE L’AIDE

Une lectrice qui s’est enrichie sans l’aide d’un conseiller me demandait récemment s’il existait des livres sur le sujet, qu’elle trouve atrocement complexe. Il existe de grands principes, mais aucun n’est universel.

À moins d’être soi-même un expert de la question, c’est impossible pour un retraité de calculer la façon optimale de décaisser son argent.

Il faut s’en remettre à des conseiller­s, des planificat­eurs financiers, qui disposent des outils de calculs. Et encore, beaucoup de ces calculatri­ces ne tiennent pas compte du crédit à la solidarité, du crédit de TPS et du Supplément de revenu garanti, donc des sources de revenus destinées aux moins nantis, une clientèle moins intéressan­te pour l’industrie.

Avec les boomers qui passent du côté de la retraite, l’intérêt pour ces questions s’est accru depuis une dizaine d’années. Il reste néanmoins du chemin à faire. Il y a certaineme­nt une occasion d’affaires à saisir ici.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada