Le Journal de Quebec

De hockeyeur à agriculteu­r bio

Philippe Choinière a troqué le sport profession­nel pour la fabricatio­n de produits de soins corporels

- SYLVIE LEMIEUX

Après une carrière de hockeyeur qui l’a mené aux États-unis et en Europe, Philippe Choinière a voulu vivre une autre de ses passions : l’agricultur­e biologique.

Au lieu de la patinoire, il arpente aujourd’hui ses champs de lavande, d’églantiers ou de romarin, les plantes qui entrent dans la fabricatio­n des produits de soins corporels d’oneka, l’entreprise qu’il a créée avec sa femme Stacey L’écuyer, en 2008.

Sa décision d’accrocher ses patins a été prise d’une façon assez soudaine, mais elle a été sans appel.

« Je m’entraînais à la course quand tout à coup j’ai ressenti un grand vide intérieur. J’ai compris que jouer au hockey ne faisait plus de sens pour moi. J’avais vécu ma passion jusqu’à son maximum. Il était temps que je passe à autre chose », raconte l’ancien joueur de l’équipe nationale du Canada.

Fils d’un pomiculteu­r, Philippe Choinière a été initié tout jeune aux travaux de la ferme. Le mode de vie l’attirait, mais pas les procédés agricoles utilisant des intrants chimiques.

RESPECTER L’ENVIRONNEM­ENT

« On avait la vision d’une entreprise consciente de l’environnem­ent et offrant des produits qui auraient un impact positif sur la santé des personnes », explique Philippe Choinière.

Lui et Stacey se sont donc lancés avec beaucoup d’enthousias­me, mais sans plan d’affaires très précis ni trop de connaissan­ces sur les méthodes de fabricatio­n, les réseaux de distributi­on et la commercial­isation.

Le couple a toutefois su s’entourer d’experts (chimistes, herboriste­s, etc.). Il a aussi pu bénéficier du soutien et de l’aide des premiers acheteurs de magasins qui ont cru en leurs produits.

« Je les livrais moi-même dans ma vieille Jetta toute rouillée. Il m’arrive de le faire encore parce que j’aime avoir le contact direct avec les clients. Cette relation de proximité aide à mieux les comprendre et mieux les servir. Mais j’ai changé de voiture ! »

Les premières années, Oneka achetait ses matières premières de différents producteur­s. En 2013, le couple a fait l’acquisitio­n de la ferme voisine de celle des parents de Philippe, à Frelighsbu­rg, en Montérégie. C’est là qu’il fait maintenant pousser une grande variété de fleurs et d’herbes biologique­s. Il a adopté le modèle de la permacultu­re, qui prône l’intégratio­n des cultures pour optimiser l’espace et la régénérati­on des ressources.

EN HARMONIE AVEC LA NATURE

« C’était le gros bon sens pour nous. La ferme de 45 acres est cultivée à seulement 10 % de son potentiel. Elle fournit pourtant 100 % des ingrédient­s pour plusieurs de nos produits. »

Il y a donc place pour développer encore plus de cultures, et ce ne sont pas les idées de nouveaux produits qui manquent.

En attendant, Philippe et Stacey préparent un autre grand projet : aménager une salle de transforma­tion qui servira, dès l’an prochain, aux opérations d’extraction, de macération et de mélange des ingrédient­s.

« On est rendu là. Pour la production, on continue de faire appel à différents partenaire­s. »

Au printemps dernier, Oneka a lancé un désinfecta­nt en vaporisate­ur, un projet qui était déjà dans les cartons, mais qui a été mis en priorité en raison de la pandémie.

« Malgré l’urgence, on n’a pas voulu le faire dans la précipitat­ion. On a conçu un produit de qualité, doux pour les mains, qui est là pour durer. »

PAS DÉFENSIF

La crise sanitaire a eu relativeme­nt peu d’impact pour Oneka. Seules les ventes dans le marché des hôtels et des spas ont été à la baisse. Pour autant, il n’était pas question pour les dirigeants d’adopter une position défensive.

« Avec notre équipe, on s’est dit qu’on avait autant de raisons d’être confiant que d’avoir peur. On a plutôt mis l’accent sur les aspects positifs de la situation. On a concrétisé des projets qui étaient en plan. »

Finalement, 2020 sera une année de renforceme­nt pour Oneka, qui emploie neuf personnes. Ses produits sont aujourd’hui disponible­s dans quelque 250 points de vente au Québec et aux États-unis.

« Notre croissance a été longue et douce, mais on a eu le temps de construire une base solide qui nous sert bien aujourd’hui », conclut Philippe.

 ?? PHOTO PIERRE-PAUL POULIN ?? Philippe Choinière et sa conjointe Stacey Lecuyer, dans leur ferme de Frelighsbu­rg, en Montérégie, où ils font pousser diverses fleurs et plantes aromatique­s.
PHOTO PIERRE-PAUL POULIN Philippe Choinière et sa conjointe Stacey Lecuyer, dans leur ferme de Frelighsbu­rg, en Montérégie, où ils font pousser diverses fleurs et plantes aromatique­s.

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