10 000 $ versés à son insu dans un nouveau compte
Les fraudes à la PCU plus élevées ici qu’ailleurs au pays
Le Centre antifraude du Canada a récolté plus de 2500 plaintes pour vol d’identité liées à la Prestation canadienne d’urgence (PCU), dont plus du tiers seulement au Québec, où les fraudeurs continuent de sévir.
La province affiche, et de loin, le nombre le plus élevé de cas répertoriés à travers le pays avec 949 dossiers portant sur la PCU obtenue frauduleusement en date du 31 août, selon les plus récentes données disponibles hier auprès du Centre.
Pour une victime récente, le vol massif de données personnelles dont le Mouvement Desjardins a été victime en 2019 n’est sans doute pas étranger à cette situation.
Il y a quelques jours, Jean-philippe Boulet a reçu une lettre de l’agence du revenu du Canada (ARC). On l’informait qu’une modification de compte bancaire avait été effectuée à son dossier et qu’on avait donc versé, à son insu bien sûr, cinq mois de PCU, soit 10 000 $, dans le nouveau compte.
« C’est effectivement le numéro de mon compte chez Desjardins [qui a été subtilisé], raconte l’homme de 35 ans. C’est en lien avec [Desjardins], selon moi. Il y a tellement eu de fuites de données. »
AUCUNE DEMANDE
Le copropriétaire du restaurant Le Fougasse, à Sorel-tracy, a travaillé sans relâche depuis le début de la pandémie.
Il n’a donc jamais eu besoin de demander l’aide du fédéral.
« Quand j’ai été informé, ça faisait déjà trois semaines que c’était dans le compte du fraudeur, déplore-t-il. Ç’a pris trois jours avant d’avoir la ligne téléphonique avec L’ARC pour les avertir. »
Ce dernier doute aussi fortement des mesures de sécurité qui sont prises par le gouvernement fédéral pour éviter les possibles fraudes. Selon lui, la supercherie était évidente à détecter.
« Je n’en reviens pas que quelqu’un ait eu 10 000 $ aussi facilement. C’est vraiment flagrant ; une demande rétroactive d’un coup dans un compte différent. Si j’en avais eu besoin, j’aurais fait la demande en mars », dénonce le restaurateur.
DOSSIER À L’OEIL
Depuis qu’il sait que son identité a été usurpée, M. Boulet dit avoir entendu une dizaine de témoignages semblables, dans son entourage seulement.
« Cet argent doit être impossible à retracer, croit-il. À long terme, c’est beaucoup d’argent des contribuables. »
Il craint maintenant de devoir subir les contrecoups de cette fâcheuse situation.
« Les conséquences, est-ce moi qui vais les avoir ? Vais-je avoir une tache à mon dossier et devoir nettoyer mon image ? » se questionne-t-il. Le Sorelois suggère à tous de vérifier leur dossier auprès de L’ARC au cas où une demande pour recevoir la PCU aurait été effectuée à leur insu.