Un géant québécois du luxe a volé au secours des détaillants
Un géant québécois du luxe, dont les manteaux sont portés par des vedettes comme Jennifer Lopez et Céline Dion, a volé au secours des détaillants de son autre marque de vêtements en pleine crise.
« Cette gamme de prix n’a pas été affectée par la COVID-19. Les célébrités nous ont donné beaucoup d’aide », lance Maurice Benisti, cofondateur et PDG du Groupe Benisti à propos de ses manteaux de luxe à 3000 $, qui portent le nom de sa femme, Nicole Benisti.
Saks Fifth Avenue (New York), Holt Renfrew (Montréal), Harrods (Londres), Tsum (Moscou)… les manteaux haut de gamme du géant québécois, portés par des vedettes comme Jennifer Lopez et Céline Dion, ont continué de se vendre comme des petits pains chauds malgré la pandémie.
« On s’est diversifié mondialement, et on s’est renforcé localement », résume Maurice Benisti, qui a pu surfer sur le succès de sa marque prestigieuse de manteaux, lancée il y a cinq ans.
« Dans les magasins, on est situé entre Louis Vuitton et Prada », laisse-t-il tomber avec fierté en vantant les talents québécois qui ont dessiné et conçu ses collections ultra-chic que les grandes capitales s’arrachent.
VENT DE PANIQUE
Quand la crise sanitaire s’est déclenchée, le géant mondial de la mode de la rue Chabanel a eu le réflexe de contacter immédiatement les détaillants qui vendent sa marque vedette, Point Zéro, depuis près de 40 ans.
Du jour au lendemain, la compagnie s’est lancée dans un marathon d’appels. Pour le Groupe Benisti, l’enjeu était de taille puisqu’elle fabrique aussi des vêtements de marques maison des grandes bannières.
« J’ai appelé personnellement tous les PDG et les chefs financiers des grandes bannières et même des petites boutiques pour les écouter », explique Mario Morellato, vice-président crédit commercial du Groupe Benisti.
Au fil des ans, l’entreprise, qui emploie près de 300 personnes à son siège social et à ses bureaux à Montréal, s’est tissé un réseau d’usines en Europe, en Angleterre, en Italie et en Chine, qui ont été frappées par la crise.
« On a vu énormément de transparence. Ils nous ont ouvert leurs livres. Il y avait une panique. Il y avait une crise », poursuit le haut dirigeant du groupe.
Compagnies d’assurances, propriétaires d’immeubles, banques… Mario Morellato se souvient d’avoir compris à quel point les détaillants québécois avec lesquels il fait affaire depuis des dizaines d’années souffraient.
« On a commencé à financer nousmêmes de nombreux détaillants. Quand on a vu leurs états financiers, on a vu que leurs loyers mordaient dans leurs résultats. Certains payaient l’équivalent de plus du quart de leurs ventes en location. C’était la recette d’un désastre », relate le vice-président du groupe.
Plutôt que de les regarder tomber comme des mouches, l’entreprise a décidé de contacter elle-même les propriétaires d’immeubles pour renégocier les baux des détaillants à leur place.
Le Groupe Benisti a même offert ses propres assurances pour garder ouvertes certaines boutiques clientes.
« On a ajouté des délais de paiement. On a retardé les livraisons. On a laissé des conteneurs de marchandises dans nos entrepôts. On a mis les étiquettes pour de nombreux détaillants, ce que l’on ne fait pas d’habitude. On a augmenté leur marge de crédit », souligne Mario Morellato.
UN TAPIS ROUGE CHOQUANT
Aujourd’hui, même si la crise sanitaire est loin d’être chose du passé, l’entreprise québécoise est convaincue d’avoir fait ce qu’elle avait à faire.
« Cette année, on a décidé de recycler les bouteilles de plastique pour rembourrer les manteaux. Tout a été certifié pour sauver la planète », ajoute le numéro un du Groupe Benisti, qui planche déjà sur d’autres projets.
Sans qu’on aborde le sujet avec lui, Maurice Benisti décoche une flèche au passage à l’endroit de la mairesse de Montréal, Valérie Plante, qui n’en fait pas assez à son goût pour les entrepreneurs québécois comme lui.
« La mairesse de Montréal m’a choqué récemment en déroulant le tapis rouge à l’ouverture d’un détaillant japonais, en donnant du stationnement gratuit, alors que nous, on a deux magasins sur Sainte-catherine et la Ville n’a aucun intérêt pour nous autres », conclut-il.
« DANS LES MAGASINS, ON EST SITUÉ ENTRE LOUIS VUITTON ET PRADA. »
– Maurice Benisti, PDG du Groupe Benisti