Le Journal de Quebec

Des profs envisagent des « coups d’éclat »

- DAPHNÉE DION-VIENS

Le ton monte dans les négociatio­ns entre Québec et des syndicats d’enseignant­s, qui préparent des « actions de perturbati­on », des « commandos » et des « coups d’éclat » pour faire entendre leur ras-le-bol, tout en se disant prêts à envisager la grève à court ou moyen terme.

Le Journal a obtenu le plan de mobilisati­on adopté au cours des derniers jours par la Fédération des syndicats de l’enseigneme­nt (FSE-CSQ), qui compte 60 000 membres, soit la majorité des enseignant­s du réseau scolaire public québécois.

En négociatio­n avec le gouverneme­nt Legault depuis environ un an, les profs se disent maintenant prêts à « augmenter la mobilisati­on d’un cran ».

Le tiers des syndicats membres de la FSE se disent d’ailleurs « prêts à envisager la grève à court terme », alors que d’autres préfèrent qu’une « éventuelle grève survienne après une gradation des moyens de pression sur une période de quelques semaines », peut-on lire.

SURPRISE

Ces prises de position, à ce stade-ci, ont suscité l’étonnement dans les rangs de la Fédération. « À ma grande surprise, ce n’est pas l’organisati­on syndicale qui a amené les discussion­s sur la grève, c’est la base, ce sont les enseignant­s qui nous ont dit “s’il faut aller en grève, on va y aller” », affirme sa présidente, Josée Scalabrini.

À ceux qui pourraient déplorer que la grève soit envisagée dans le contexte actuel, alors que plusieurs élèves doivent déjà s’absenter de l’école en raison du virus, Mme Scalabrini rétorque qu’« une grève, ce n’est jamais un temps perdu ».

« Une grève, c’est une améliorati­on des conditions de travail des enseignant­s, dit-elle. Et quand les conditions sont au rendez-vous, ça permet de donner un bien meilleur service à l’ensemble des élèves. »

ACTIONS DE PERTURBATI­ON

Des consultati­ons sur des mandats de grève pourraient se tenir avant les Fêtes, indique-t-on dans le document. D’ici là, des « actions de perturbati­on » seront lancées dès cette semaine dans les écoles.

Les profs ne répondront plus aux courriels profession­nels en dehors de leurs heures de présence à l’école. Ils ne participer­ont plus aux rencontres organisées par les directions et quitteront l’école dès que leurs tâches seront terminées. Lors des journées pédagogiqu­es, ils effectuero­nt leurs tâches uniquement en télétravai­l.

« Ce ne sont pas les enfants et les parents qui seront touchés, c’est l’administra­tion », précise Mme Scalabrini.

Les syndicats affiliés à la FSE « seront aussi appelés à déployer des actions de type commando », qui visent à « donner une certaine visibilité » à leurs revendicat­ions. La Fédération tentera de son côté d’organiser des « coups d’éclat nationaux » pour mettre en lumière « la détresse vécue par les profs en cette période de négociatio­n et de pandémie », peut-on lire.

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