Une approche innovante
Le traitement à domicile permet d’intervenir avant que la situation ne se détériore
Les psychiatres québécois souhaitent qu’un programme novateur d’intervention à domicile développé dans la Capitale-Nationale soit déployé partout dans la province afin de venir en aide aux citoyens en crise sans les hospitaliser.
Les trois équipes d’andréane Dionne-jalbert interviennent annuellement auprès de quelque 200 patients souffrant de maladie mentale en état de décompensation sévère, sans les sortir de leurs milieux de vie.
« Notre travail, c’est de faire de l’hospitalisation à la maison », résume la cheffe de service du Traitement intensif bref à domicile (TIBD), lié à l’institut universitaire en santé mentale de Québec.
INTERVENIR PLUS TÔT
Mis en place il y a une dizaine d’années dans la Capitale-nationale, le TIBD est une approche unique au Québec qui fait l’envie des psychiatres ailleurs en province.
« Ça pourrait être déployé à la grandeur du Québec. Le pari qu’on ferait, avec ça, c’est de fermer des lits d’hospitalisation et, avec cette fermeture, de financer une approche beaucoup plus proactive de service à domicile », dit le Dr Olivier Farmer, psychiatre à l’hôpital Notre-dame, à Montréal, et porte-parole pour l’association des médecins psychiatres du Québec.
Lorsque le TIBD intervient, une équipe – qui inclut psychiatres, infirmiers et travailleurs sociaux – rend visite au patient à domicile au moins deux fois par jour, sept jours par semaine, pendant environ 10 semaines.
L’intervention inclut les prises de sang, la supervision de la médication ou l’administration de médicaments injectables. « Ça permet aussi de voir son milieu de vie, si les choses se passent bien au niveau de l’alimentation, de l’hygiène, la relation avec la famille », note Andréane Dionne-jalbert.
Pour le Dr Olivier Farmer, l’approche de Québec a le grand avantage de permettre le traitement de patients en détresse qui ne peuvent être hospitalisés de force s’ils ne représentent pas un danger pour euxmêmes ou pour autrui.
PLUS FACILE À FAIRE ACCEPTER
« En offrant le traitement à domicile, ça pourrait permettre à la personne d’accepter plus facilement les soins et ainsi éviter un parcours détérioratif qui peut durer parfois des jours, des semaines, des mois jusqu’à ce que la dangerosité pour autrui, pour elle-même, puisse être évoquée et que la personne puisse être amenée de force à l’hôpital », souligne le Dr Farmer.
La question des soins en santé mentale est revenue dans l’actualité après la tuerie dans le Vieux-québec.
Même si les motivations du tueur demeurent inconnues, le maire Régis Labeaume a relancé le débat en soulignant que les problèmes de santé mentale constituent un des « plus grands problèmes de sécurité dans les grandes villes canadiennes pour les prochaines décennies ».