Le Journal de Quebec

Un vétéran veut porter son combat contre l’armée en Cour suprême

L’ex-militaire a été victime d’une enquête « bâclée »

- SIMON BAILLARGEO­N

Un ancien militaire de Québec qui poursuivai­t les Forces armées canadienne­s pour 500 000 $ à la suite d’une enquête « bâclée » veut porter son combat devant la Cour suprême après avoir été débouté par la Cour d’appel fédérale.

L’ex-caporal Sylvain Lafrenière croyait bien que son « cauchemar » allait prendre fin cette année. En 2018, la Cour d’appel fédérale l’avait autorisé à poursuivre l’armée devant les tribunaux civils. Chose qu’il a faite. Mais un autre jugement de cette même Cour d’appel fédérale en juin dernier a mis à mal ses espoirs d’obtenir réparation.

Son recours est voué à l’échec selon le jugement délivré cet été, puisque celui qui a donné 15 ans de sa vie aux Forces armées canadienne­s (FAC) reçoit déjà une pension des anciens combattant­s.

L’article 9 de la Loi sur la responsabi­lité civile de l’état et le contentieu­x administra­tif prône l’incompatib­ilité entre recours et droit à une pension ou indemnité.

M. Lafrenière considère cependant qu’il a subi des atteintes « à ses droits civils, constituti­onnels et fondamenta­ux » (voir encadré) et que ceci devrait primer sur l’article 9.

DES PRÉJUDICES DEPUIS 12 ANS

« Depuis 12 ans je subis des préjudices. Harcèlemen­t, atteinte à ma réputation, démolition de mon réseau de contacts, perte de ma seconde carrière, problème de santé permanent et perte de contacts avec des proches », énumère-t-il.

En 2009, les FAC avaient ouvert une enquête à son sujet pour fraude. On lui reprochait alors, entre autres, de réaliser du profit avec la production de DVD en appui à ses frères d’armes déployés en Afghanista­n.

Ce n’est qu’en 2012 qu’on l’avisera des raisons de l’enquête en plus de lui faire savoir qu’il est complèteme­nt blanchi des soupçons qui pesaient sur lui. Il avait pourtant reçu l’aval de sa chaîne de commandeme­nt pour aller de l’avant dans son projet. « C’est une enquête qui a été bâclée », dénonce-t-il.

Par courriel, les FAC ont fait savoir de leur côté que « la Section des normes profession­nelles du Grand Prévôt des Forces canadienne­s a effectué une enquête et a déterminé qu’aucun acte répréhensi­ble ou comporteme­nt non profession­nel n’a été relevé de la part des membres de la Police militaire visés. »

SOCIOFINAN­CEMENT

Le vétéran a mis sur pied une campagne de sociofinan­cement pour l’aider à continuer son combat jusqu’en Cour suprême. Jusqu’ici, il a déboursé près de 75 000 $ en frais juridique.

« Ils reconnaiss­ent avoir causé des torts envers moi. Ils reconnaiss­ent avoir causé préjudice, mais ils ne veulent pas réparer ces préjudices-là, car ils me disent que j’ai déjà une pension d’ancien combattant ».

POUR LES AUTRES AUSSI

Malgré les frais juridiques qui augmentent, M. Lafrenière n’a pas l’intention de baisser les bras. Il le fait pour lui, dit-il, mais aussi pour les autres militaires qui vivent pareille situation.

Il cite notamment une ancienne militaire qui l’a encouragé à se rendre jusqu’au bout, « car plusieurs n’ont plus le courage et la force de se battre, et les moyens financiers non plus ».

« Je m’en voudrais toute ma vie de ne pas aller au bout de ce combat. Si j’abandonne, ce serait aussi de laisser tomber tous ceux qui ont subi les impacts de cette histoire. Ça ne se fait pas. »

 ?? PHOTO STEVENS LEBLANC ?? L’ancien caporal Sylvain Lafrenière se bat contre les Forces armées canadienne­s depuis plus d’une décennie. Il souhaite transporte­r sa bataille devant la Cour suprême, notamment, afin d’aider d’autres anciens militaires vivant des situations similaires.
PHOTO STEVENS LEBLANC L’ancien caporal Sylvain Lafrenière se bat contre les Forces armées canadienne­s depuis plus d’une décennie. Il souhaite transporte­r sa bataille devant la Cour suprême, notamment, afin d’aider d’autres anciens militaires vivant des situations similaires.

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