Un miraculé de la COVID-19 qui a dû
La croisière dans les Caraïbes en mars aurait pu être fatale pour le résident de Lévis, sur la Rive-sud de Québec
Jacques Goupil a failli ne jamais se réveiller. À trois reprises, ses médecins ont prédit sa mort, ne sachant plus quoi faire pour l’aider à vaincre la maladie. Après 40 jours dans le coma et 70 lb en moins, l’homme de 68 ans a remporté le plus gros combat de sa vie, mais pas à n’importe quel prix.
« Je l’ai mis K.-O. [la COVID-19], mais elle a réussi à me mettre les deux genoux à terre. J’ai passé proche d’y passer », confie le résident de Lévis, le souffle court.
Si le sexagénaire est aujourd’hui guéri, il vit au quotidien avec les « dommages collatéraux », tant physiques que psychologiques, laissés derrière par le coronavirus.
« C’est un ouragan que j’ai eu dans mes poumons », illustre le chauffeur d’autobus scolaire, avant d’énumérer les dégâts.
Un essoufflement qui perdure, une corde vocale paralysée, deux lobes de poumons « finis » et une difficulté à déglutir à la suite de sa trachéotomie pendant son hospitalisation.
Il ressent des engourdissements dans ses deux jambes, à cause de nerfs qui auraient été écrasés pendant son coma.
En parlant, il peut aussi être pris d’une quinte de toux, rauque et profonde, assez pour manquer d’air, dit-il.
Et il y a les crises d’angoisse, des moments où il croit encore qu’il va mourir, incapable de respirer. Une terreur qu’il n’avait jamais ressentie auparavant.
« Présentement, je respire, c’est l’essentiel », admet M. Goupil, qui sait qu’il revient de très loin.
Tout a commencé lorsque sa conjointe et lui ont mis le pied à bord du bateau de croisière Costa Favolosa dans les Caraïbes, le 9 mars.
Aux prises avec une grave éclosion, le navire a accosté en Guadeloupe. Le couple est alors rentré en avion, en transitant par Miami, puis a passé un test de dépistage.
Le jour même où il a reçu son diagnostic positif, le corps de M. Goupil se mettait à surchauffer. Ce soir-là, le thermomètre a grimpé à 40 °C et il est parti en ambulance pour l’hôtel-dieu de Lévis.
UN MONSTRE
« Quand je suis arrivé, j’étais le monstre qui rentrait dans l’hôpital. Les infirmiers se sauvaient de moi, ils se tenaient très loin », se souvient-il. À ce moment-là, il était l’un des premiers, sinon le premier, dans sa région à être hospitalisé pour ce nouveau virus.
Jacques Goupil croyait qu’on lui donnerait quelques antibiotiques et que le tour serait joué. Rien ne lui permettait de prédire le cauchemar qui l’attendait.
Il a vite été transféré, le 28 mars, aux soins intensifs de l’institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec.
Toujours fiévreux, le temps pressait, car il manquait d’oxygène dans le sang et il devait être intubé.
« Et là, j’ai perdu la carte », raconte-t-il. Une lutte de 41 jours dans le coma venait de commencer pour sa survie.
Seule chez elle, malade aussi, mais dans une bien moindre mesure, son épouse des 25 dernières années sursautait dès que le téléphone sonnait, craignant le pire.
Tous les jours, les médecins l’appelaient. À au moins trois reprises, on l’a préparée au pire.
« Vous allez voir, il a une tête de cochon », leur répétait Nicole Hains.
LE DÉBRANCHER ?
« J’étais sûre qu’il était pour revenir », dit la dame de 72 ans, qui a gardé espoir même sans voir son mari pendant deux mois.
Quand on lui a parlé de la possibilité de « débrancher » son mari, elle a demandé si son cerveau était atteint. La réponse