TRANSPARENCE
Depuis la prorogation du Parlement en juillet, et la nomination de Chrystia Freeland au ministère des Finances, le gouvernement canadien s’est refermé comme une huître, ne communiquant plus régulièrement l’évolution de ses dépenses, comme il le faisait auparavant.
Pour le Directeur parlementaire du budget (DPB), Yves Giroux, et son prédécesseur Kevin Page, c’est un problème majeur.
M. Page rappelle que, lors de la crise de 2008-2009, les parlementaires avaient réussi à forcer le gouvernement minoritaire à fournir des données tous les trimestres pour pouvoir évaluer la réponse à la crise.
« S’ils n’ont pas accès à ces renseignements, c’est beaucoup plus difficile pour les parlementaires de déterminer si, oui ou non, quand le gouvernement dépose des projets de loi pour aider des secteurs de l’économie, il y a vraiment des besoins ou si ce sont des choses superflues », explique M. Giroux.
ESTIMATIONS PEU FIABLES
En plus, lorsqu’il fait des annonces de dépenses, « les estimations gouvernementales ne sont pas aussi solides qu’elles auraient dû l’être », ajoute-t-il.
« Selon les discussions qu’on a eues avec plusieurs fonctionnaires, souvent ils se faisaient dire : “Il faut que tu estimes le coût de ce programme-là parce que le premier ministre va l’annoncer demain” », explique-t-il.
De plus, « parfois le programme est modifié entre le moment où le fonctionnaire estime le coût et le moment de l’annonce ou, même, après l’annonce », poursuit le DPB.
Justin Trudeau a ainsi annoncé en avril près d’un milliard de dollars en Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant. Ce fameux programme devait être administré par une organisation proche de la famille du premier ministre, WE Charity.
Au fil du scandale qui a mené à son annulation, on a finalement appris que l’entente qui liait l’état à WE était plutôt d’un demi-milliard de dollars.
Pas de données, ça veut dire pas de débat. Et ça, c’est dangereux.