Les secrets de longévité
Normand Brathwaite aurait voulu prendre sa retraite à 55 ans. Il en a aujourd’hui 62, et après 18 ans de Belle et Bum, il s’éclate encore comme au premier jour avec ses musiciens et invités. Le plaisir aidant, il a reporté l’échéance de sa carrière à 65 ans.
Ça peut paraître étonnant venant de la bête de télévision qu’il est, mais Normand Brathwaite en serait capable, de s’éloigner des projecteurs. C’est lui qui le dit en entrevue. Mais il pourrait aussi très bien changer d’idée si la passion l’emportait encore.
« J’ai une belle maison, un grand terrain, des beaux enfants. Mais, entre ma belle maison, ma belle épouse et mes beaux enfants… J’aime mieux travailler ! (rires) C’est épouvantable à dire, mais eux m’aiment mieux quand je travaille… »
MIEUX QU’AVANT
Normand Brathwaite n’a pas vu filer les 18 ans de Belle et Bum. Cet automne, relève-t-il, « personne ne croyait » au retour de l’émission, après les bouleversements du printemps et l’impossibilité actuelle de masser une assistance au National, salle qui accueille les tournages.
« Notre dernière émission, la saison passée, a été enregistrée le 13 mars (au début du confinement, NDLR). La venue du public a été annulée, on l’a su avant le souper. Et c’était le show le plus weird que j’ai fait dans ma vie, parce qu’on était habitués, depuis 18 ans, à jouer devant public. Là, la seule personne qui était là, c’était Richard Haddad, le nouveau boss de Télé-québec (rires). Il était assis à une table à l’arrière, pour nous encourager. J’avais l’impression d’avoir 17 ans et de passer une audition ! »
Mais le résultat a été concluant. À tel point que Normand et sa complice Mélissa Lavergne se demandent aujourd’hui s’ils accepteraient de reprendre l’ancienne formule avec spectateurs.
Cette nouvelle structure lui rappelle l’époque de Beau et chaud, qui se déployait au début des années 1990 simplement devant une équipe technique de 50 ou 60 personnes sur place. Ils peuvent même accueillir davantage d’invités.
« On a trouvé notre souffle, indique Normand. On se concentre plus sur la musique. Avant, on répétait pendant deux jours, et on était ensuite en mode spectacle pendant l’enregistrement. C’était comme si on faisait le Gala de L’ADISQ ou le spectacle de la Fête nationale à toutes les semaines. Maintenant, on travaille différemment, on enregistre immédiatement après nos blocs de répétitions. C’est frais dans notre mémoire. C’est bien intéressant. »
Plus que jamais, en ce moment, Belle et Bum penche vers l’émergence, pour soutenir les nouveaux joueurs d’une industrie sérieusement amochée par la pandémie.
Déjà fier promoteur des talents musicaux de la marge, qui n’apparaissent pas nécessairement aux palmarès, Brathwaite prend son mandat encore plus à coeur cette année.
« On dira ce qu’on voudra, mais Belle et Bum, c’est nécessaire. Il faut qu’il reste de la musique, que les artistes continuent de faire des disques, de donner des petits shows dans des petites salles. Mais pour remplir leurs salles, il faut qu’on les voie quelque part, sinon personne ne va acheter leurs billets. C’est la raison d’être de l’émission », plaide un Normand qui se dit fier comme un papa du band de Belle et Bum.
« MEILLEURS AU MONDE »
« Le meilleur au monde », répétera-t-il à plusieurs reprises, en vantant le prestige de sa batteuse Emmanuelle Caplette, qui a joué au Late Night With Seth Meyers et avec Andy Summers, guitariste de The Police, et de son directeur musical et guitariste Simon Godin, qui a foulé quantité de plateaux de télévision d’envergure au Québec.
« Eux, ils arrivent, heureux d’être en vie. Ça nous fouette. On reçoit des artistes de partout dans le monde, qui nous disent qu’on a les meilleurs musiciens au monde. »