Le Journal de Quebec

Comment réinventer le réveillon

Une quinzaine de Québécois partagent leurs plans ingénieux pour fêter Noël en pleine pandémie.

- JÉRÉMY BERNIER

Jacky Lessard

Saint-agapit

« Je ne veux pas mettre ma santé à risque, je vais passer le réveillon avec mon coloc devant la télévision. C’est quoi de perdre une année pour pouvoir en vivre plusieurs autres ? »

A nne Coursol

Laval

«

Depuis que je suis enceinte dd’un bébé in vitro, jee fais ce que je peux pour rester à la maison.maiso C’est déchirant de ne pas voir la famille, mais on va se faire un souper, un feu et une soirée cinéma avec mon conjoint et ma fille. Il va y en avoir d’autres Noëls. »

Mariemarie-evee Guilmette-blais

Lévi is

«

Notre petite famille fêtera avec mes parents aautour du feu dans nnotre cour. Simple et couurt, mais sécuritair­e à lla ddemande de mes parents. J’ai adoré l’idée. »

Karen Ann Page

Saint-camille

Fidèle à la tradition, Karen Ann Page partira dans le Sud avec sa petite famille, où ils passeront le temps des Fêtes ainsi qu’une bonne partie de l’hiver. La mère de famille fait l’école à la maison à ses deux enfants, âgés de 8 ans et 10 ans, pendant le voyage.

«

Le jour de Noël, on risque d’être dans l’avion. On va au Costa

Rica cette année. Vu le confinemen­t au Québec, on n’a pas pris de billet de retour. On verra bien ! »

Patrick Laramée

Drummondvi­lle

« Du 24 décembre au 1er janvier, je vais sûrement faire des [vidéoconfé­rences] avec des gens qui passent Noël seuls chez eux. »

Il participe déjà à ces réunions chaque vendredi soir qui réunissent des personnes autistes, des parents et des spécialist­es de la santé qui veulent en apprendre sur le sujet de l’autisme.

« On se sent moins seuls, on peut voir et parler avec d’autres, sans que ce soit impersonne­l comme par message. »

Françoises F Vaillancou­rt

Beaupré B

Elle laisse tomber Noël et se réunira avec sa famille cet été quand un vaccin sera disponible. d Si elle faisait un réveillon, elle ne pourrait pas inviter ses parents, qui sont vulnérable­s.

« Ça me briserait le coeur de fêter en sachant que je devrais laisser mes parents p seuls. »

Fannie Charon

Sainte-thérèse

Étant éducatrice en garderie, il sera impossible pour

Fannie Fanni Charron des e semaine. s’isoler une Elle passera donc Noël seulement avec a son

conjoint et ses enfants.

«

On a vécu beaucoup d’épreuves au cours de cette année, outre que la Covid. Se serrer tous dans nos bras nous aurait donné du courage pour repartir l’année, mais c’est impossible. »

Mimi Larouche

Québec

Bien décidée à voir sa famille de façon sécuritair­e, elle a installé un abri temporaire et un foyer sur son patio. Elle compte e y recevoir ses huit t enfants, un à la fois, entre le 20 décembre et le 20 janvier.

«

Avec la formule que le gouverneme­nt préconise – recevoir 10 personnes à la fois –, on aurait dû faire des choix et on n’était pas à l’aise avec ça. »

Obligés de se conformer au « contrat moral » de François Legault et inquiets quant à la possibilit­é d’infecter leurs proches, des Québécois ont dû réinventer leurs rassemblem­ents des Fêtes.

Barbecue dans la neige, chocolat chaud autour du foyer extérieur, échange de cadeaux par la poste ou souper en vidéoconfé­rence, les idées originales ne manquent pas pour célébrer le premier Noël pandémique de l’ère moderne.

« Avec la formule que le gouverneme­nt préconise – recevoir 10 personnes à la fois –, on aurait dû faire des choix et on n’était pas à l’aise avec ça », raconte Mimi Larouche, de Québec, qui accueiller­a ses huit enfants à des dates distinctes sous un abri installé sur son balcon.

Quelques-uns sont toutefois résignés à passer Noël dans leur bulle familiale, dans l’impossibil­ité de respecter la semaine d’isolement ou par crainte de contracter le virus. Ce qui en pousse certains à tout simplement « sauter » les célébratio­ns de cette année.

« On va se réunir à l’été, quand le vaccin sera disponible. Ça me briserait le coeur de fêter en sachant que je devrai laisser mes parents seuls », laisse entendre Françoise Vaillancou­rt, de Beaupré.

RISQUÉ POUR LES AÎNÉS

D’ailleurs, bien que plusieurs ne puissent se résoudre à festoyer sans leurs parents ou grands-parents âgés, les rassemblem­ents des Fêtes représente­nt un risque bien réel pour eux.

« Sortir un aîné qui est dans un milieu vulnérable comme les CHSLD, les ressources intermédia­ires ou les résidences, c’est un risque très important », avertit Thomas Druetz, professeur à l’école de santé publique de l’université de Montréal.

« Ça concerne non seulement notre proche, mais aussi potentiell­ement tous les autres résidents », poursuit-il, invitant à « la plus grande des prudences » et craignant une « situation très problémati­que » en janvier.

Mais il y a aussi des enjeux de santé mentale pour les aînés plus vulnérable­s qui ont besoin de contact à cette période de l’année. Pour diminuer les risques, le Dr Druetz propose donc d’éviter le souper traditionn­el et d’organiser plutôt une marche en famille à l’extérieur. Et surtout, éviter à tout prix de sortir le karaoké.

« Noël n’est pas comme les autres années, mais il vaut mieux se priver cette année et pouvoir en revivre bien d’autres après », estime-t-il.

SI NOËL IL Y A…

Évidemment, toutes ces idées pour s’adapter à un Noël 2020 bien particulie­r seront inutiles si le gouverneme­nt Legault devait revenir sur sa décision. Après avoir modifié à quelques reprises les clauses de son « contrat moral », le premier ministre du Québec pourrait finalement interdire les quatre jours de rassemblem­ent. C’est du moins ce que croit l’épidémiolo­giste Nimâ Machouf, vu l’évolution actuelle de la propagatio­n de la COVID-19.

Les régions de Québec et Chaudière-appalaches affichaien­t hier leur augmentati­on de cas la plus importante depuis au moins deux semaines avec respective­ment 167 et 80 nouvelles personnes infectées. À l’échelle provincial­e, ce sont 1395 cas supplément­aires qui sont rapportés, ainsi que 12 autres décès.

« Avec une augmentati­on des cas à ce rythme-là, on n’aura pas de rassemblem­ents à Noël. […] On ne pourra pas se permettre une énorme vague [de cas] en janvier », a prévenu Mme Machouf sur les ondes de LCN.

Shanna Meghan Maltais

Sept-îles

« Nous avons organisé une pige de cadeau secrète en ligne et on s’est déjà envoyé nos cadeaux par la poste. De Québec à Sept-îles en passant par Longue-pointe-de-mingan et Fermont, on sera 13 personnes réunies par Zoom pour développer nos cadeaux le matin du 25 décembre. »

Éric Cõté

Montréal ntréal

Il aime aller à New York avec sa conjointe Mélanie D’anjou dans le temps des Fêtes. Cette année, il s’est plutôt loué une chambre d’hôtel qui aurait été hors de prix si ce n’était pas de la pandémie.

«

On a trouvé un moyen de faire comme si on était en voyage, mais à Montréal. » Kathymélan­ie Laflamme Roy

Chicoutimi

Elle organisera un souper de Noël en vidéoconfé­rence pour protéger les membres de sa famille.

« On a déjà quelqu’un de notre famille qui est à l’hôpital à cause de la COVID-19. C’est difficile de ne pas passer Noël avec les gens qu’on aime, mais si on veut les revoir en santé, c’est un sacrifice à faire. »

France Boisclair

La Prairie

«

On va poursuivre la tradition du dîner hot dogs à l’extérieur avec la grande famille, mais sans les câlins, les accolades et les chamailles dans la neige. On va quand même pouvoir voir escalader la montagne de neige faite avec amour par grand-papa. » Mathieu Piché

Vaudreuil

« On a décidé d’utiliser notre gros bon sens, c’est désolant de voir que certains se foutent des mesures. Nous, on va faire un BBQ à l’extérieur et on va utiliser une chaufferet­te pour éviter de rentrer. »

Suzanne Bazinet

Gatineau

Pour la première fois de sa vie, elle passera le réveillon de Noël avec seulement une de ses trois filles, mais ira tout de même porter des cadeaux à la porte de ses proches.

«

Pour moi, c’est une preuve d’amour de ne pas voir ma belle-mère qui est âgée ou nos enfants qui sont à l’extérieur cette année. Je veux les protéger. »

Krystel Parent

Sainte-julie

«

On va se faire une fondue chinoise suivie d’une fondue au chocolat avec des fruits frais et d’une soirée cinéma avec des vieux films de Noël. Et le lendemain, on ira porter les cadeaux à nos proches à leur porte. Ce ne sera pas un Noël comme les autres, mais il sera spécial et mémorable. »

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