Legault censuré pour ses coups de coeur littéraires
L’association des libraires du Québec a retiré la liste du premier ministre
AGENCE QMI | L’association des libraires du Québec (ALQ) a fait disparaître des suggestions de livres à lire de François Legault après avoir reçu des plaintes de gens qui reprochaient qu’elle eût offert une tribune au premier ministre.
Mercredi dernier, M. Legault a présenté, dans une vidéo de 30 minutes, dix suggestions de livres à lire dans le cadre du mouvement #lireenchoeur de L’ALQ, qui a donné la parole à quelque 150 auteurs et personnalités depuis le printemps.
Plusieurs critiques ont rapidement fusé. « Il y a eu beaucoup de commentaires de gens, notamment du milieu littéraire, qui nous reprochaient d’avoir donné une tribune à M. Legault » et qui critiquaient sa liste de livres, a reconnu la directrice générale de L’ALQ, Katherine Fafard, hier.
Sur Instagram, plusieurs intervenants ont dénoncé le fait que M. Legault refuse de reconnaître le racisme systémique au Québec ou ses politiques « racistes » pour décrier le fait que L’ALQ lui offre une tribune.
Certains s’en sont aussi pris à l’une des suggestions du premier ministre, L’empire du politiquement correct du sociologue et chroniqueur au Journal Mathieu Bock-côté.
Devant le tollé, L’ALQ a choisi de faire disparaître de ses réseaux sociaux les suggestions de lecture du premier ministre. Quant à la vidéo, elle est demeurée en ligne, mais un message précisant que « les opinions exprimées par le participant n’engagent que lui » a été ajouté. M. Legault est le seul intervenant dont la vidéo est assujettie de cette mise en garde et dont les publications ont été effacées.
AUCUNE EXCUSE
Mme Fafard a expliqué que son organisation a voulu écouter les préoccupations des militants, d’autant plus que la question du racisme a occupé une part importante du débat cette année.
Elle se défend d’avoir cédé devant les demandes des militants. « Si on avait retiré la vidéo, ça aurait été de la censure », a-telle plaidé, en précisant que L’ALQ n’a pas l’intention de s’excuser pour avoir invité le premier ministre à partager ses coups de coeur.
« Nous sommes déçus de voir que les suggestions de lecture du premier ministre ont été retirées des réseaux sociaux de l’association », a pour sa part réagi l’attaché de presse Ewan Sauves.
DE LA « LÂCHETÉ »
Irrité par cette situation, le M. Bock-côté a accusé L’ALQ d’avoir fait preuve de « lâcheté épouvantable » en déplorant un cas de « censure grossière ».
« Nous sommes devant un geste absolument discourtois. François Legault est invité à présenter sa liste de livres, mais puisque les militants n’aiment pas ses recommandations, on la retire grossièrement. Faut-il mettre certains livres à l’index, désormais ? » s’est-il interrogé.