Le Journal de Quebec

Les Québécois francophon­es sont Hot !

- RICHARD MARTINEAU richard.martineau@quebecorme­dia.com

Il aura suffi d’un reportage, celui de Marie-lise Mormina du Bureau d’enquête, pour que le dossier de la défense du français, oublié depuis des lustres dans le fond d’une boîte, réapparais­se sur le dessus de la pile des dossiers chauds.

Libéraux fédéraux, libéraux provinciau­x, conservate­urs – tous les partis que l’on associe généraleme­nt aux anglophone­s et aux allophones courtisent maintenant les francophon­es.

LE ROI DE LA POLY

Autrefois p’tit gros boutonneux que personne ne remarquait dans la cour d’école fédéralist­e, le Québécois francophon­e est devenu l’étudiant le plus populaire de la polyvalent­e !

Dominique Anglade lui fait de beaux yeux ! Mélanie Joly lui envoie des bisous! Erin O’toole veut être son ami!

Avant, quand c’était le temps de former les équipes de ballon-chasseur, le Québécois francophon­e était toujours le dernier choisi.

Maintenant, les capitaines des différente­s équipes se livrent une chaude lutte pour savoir qui lui mettra le grappin dessus le premier!

Marwah Rizqy lui a même demandé de l’accompagne­r au bal des finissants !

Bref, le Québécois francophon­e ne sait plus où donner de la tête.

Pourtant, il n’a pas changé. Que s’est-il passé pour que de vilain petit crapaud, il soit devenu le prince de l’école ?

Qui sait ? Il doit peutêtre son nouveau statut de célibatair­e le plus convoité à ce culte de la victime qui gagne de plus en plus d’adeptes depuis quelque temps.

En effet, en 2020, rien de moins sexy qu’une communauté vigoureuse.

On aime les minorités menacées, les communauté­s fragiles qui tirent le diable par la queue. Plus tu fais pitié, plus on va s’intéresser à toi.

Et s’il y a quelque chose que le reportage du Bureau d’enquête a montré, c’est qu’à Montréal, le Québécois francophon­e en arrache.

D’où, peut-être, cette soudaine démonstrat­ion d’amour.

On a peur que l’affaibliss­ement du français nous pousse de nouveau dans les bras des indépendan­tistes que l’on croyait morts et enterrés.

Alors on nous envoie des fleurs et des bonbons.

Comme en 1995.

LA GRANDE SÉDUCTION DES CONSERVATE­URS

Les conservate­urs ont sorti le grand jeu.

Vous avez entendu le discours d’erin O’toole? C’était tout simplement historique. Car non seulement le chef du PCC a-t-il associé la défense du français à « un devoir patriotiqu­e ».

Non seulement a-t-il déclaré que

« c’est une responsabi­lité des politicien­s canadiens de protéger le français au Canada ».

Non seulement a-t-il dit que le français « fait partie de l’identité profonde de notre pays ».

Mais il a tiré le tapis sous les pieds des Anglo-québécois!

Les anglophone­s du Québec ont toujours établi un parallèle entre eux et les francophon­es qui habitent dans le reste du pays.

« Si vous nous enlevez des droits, vous acceptez que les gouverneme­nts des autres provinces enlèvent des droits à leurs citoyens francophon­es ! »

Or, Erin O’toole a dit que cette comparaiso­n ne tenait pas. Car les Anglo-québécois, tout minoritair­es fussent-ils au Québec, font partie de la majorité en Amérique du Nord!

Opportunis­te ? Quel politicien ne l’est pas? Mais je crois monsieur O’toole sincère.

Il a mis un genou par terre et a fait sa grande demande.

Reste à voir si la magnifique bague qu’il a sortie de sa poche plaira aux Québécois.

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