Québec doit s’attaquer au blanchiment d’argent
Un ancien procureur de la commission Charbonneau et l’inspectrice générale de Montréal pressent le gouvernement de s’attaquer au blanchiment d’argent dans les casinos.
« Comme société, on ne veut pas de cet argent sale », lance Me Brigitte Bishop, qui occupe le poste d’inspectrice générale de la métropole depuis 2018.
L’ancienne procureure de la Couronne qui a déjà travaillé à la lutte contre les produits de la criminalité a été estomaquée par les reportages de notre Bureau d’enquête sur la mafia au casino.
La semaine dernière, nous révélions que l’un des dirigeants de la mafia montréalaise a eu droit à des cadeaux du casino, comme des nuits à l’hôtel, des billets de spectacle ou des soupers au restaurant.
L’an dernier, il était même l’un des dix plus gros joueurs du casino.
« Ce qui m’a choquée, c’est qu’on invite ces gens en leur donnant des faveurs, certains privilèges », dénonce-t-elle.
MÊMES STRATAGÈMES
La direction de Loto-québec a assuré la semaine dernière qu’elle a cessé d’offrir de tels cadeaux aux individus criminalisés.
Cela n’empêche pas Me Bishop de soupçonner que des criminels fréquentent le casino pour y blanchir leur argent.
« Le stratagème de blanchiment d’argent qu’on connaît, que je connais depuis 1996, existe encore et encore. Il a encore cours dans les casinos du Québec, notamment », dit-elle.
Son collègue Me Simon Tremblay indique pour sa part que l’on doit toujours garder un oeil attentif aux stratagèmes du crime organisé.
L’ancien procureur adjoint à la commission Charbonneau estime que plusieurs secteurs de l’économie restent vulnérables.
« Vous parlez du casino, mais clairement, c’est un terreau fertile à ce genre de blanchiment d’argent », dit-il.
L’avocat qui oeuvre pour la Ville de Laval soutient qu’un peu plus de surveillance pourrait être une solution.
« Il faut avoir une espèce d’épée de Damoclès, je pense », dit-il.
Un organisme de surveillance pourrait poser des questions aux dirigeants et ainsi avoir accès à certains documents sur demande.