Les demandes d’aide alimentaire explosent
La situation donne le vertige aux organismes
Déjà fortement sollicités depuis le début de la pandémie, les organismes d’aide alimentaire du Québec s’attendent à voir « se décupler » les demandes de la part de personnes vulnérables à l’approche du temps des Fêtes et doivent multiplier les initiatives pour trouver de la nourriture.
La situation est la même partout en province. Les organismes comme Moisson Québec et Moisson Montréal constatent que les prochaines semaines n’auront rien de normal.
« Chaque année, la période des Fêtes est un défi parce que plus de gens demandent de l’aide. Mais cette année, avec la pandémie, c’est vraiment décuplé. On n’a jamais vécu ça, donc on a un peu le vertige par rapport à ce qui s’en vient », constate Élaine Côté, directrice générale de Moisson Québec.
L’organisme vient en aide à près 35 000 personnes par mois en temps normal. Au printemps, la pandémie et le confinement ont fait « grimper ce nombre jusqu’à 70 000 », souligne Mme Côté, qui s’attend à ce que le temps des Fêtes s’approche de ces chiffres. « Ce sera entre 60 000 et 70 000 personnes qu’on va aider », anticipe-t-elle.
NOUVEAUX VISAGES
Du côté de Moisson Montréal, on pense qu’il y aura un grand nombre de nouveaux visages dans les quelque 250 organismes desservis. « C’est clair, clair, clair que ça va arriver, lance le directeur général Richard D. Nadeau. C’est pour ça qu’on a fait plus de 20 000 paniers de Noël. »
M. Daneau avance une hausse de plus 30 % des demandes d’aide alimentaire dans la région de la métropole depuis le début de la pandémie. « On arrive aux alentours de 850 000 demandes d’aide alimentaire [chaque mois]. Ce sont des gros chiffres ».
Pour répondre à la demande grandissante, Moisson Québec a même dû acheter cette année pour plus de 2 millions $ en denrées, pour la plupart non périssables. « On en a acheté à une hauteur jamais connue. Normalement, on achète pour 200 000 $ en denrées par année », rappelle Mme Côté.
« NÉCESSAIRE PLUS QUE JAMAIS »
La Bouchée généreuse distribue de la nourriture à près de 500 familles dans Limoilou les jeudis. L’organisme juge son aide « nécessaire plus que jamais » avec le temps des Fêtes qui pointe son nez.
Son directeur général, Pierre Gravel, s’attend à des « jeudis plus rock’n’roll ».
M. Gravel dit voir moins de personnes âgées qui viennent chercher de la nourriture. « On accueille beaucoup plus de jeunes familles », affirme-t-il.
Un de ses souhaits pour Noël serait d’ailleurs de trouver 1200 dindes pour les distribuer aux familles dans le besoin. « Pensez-vous qu’ils vont avoir un beau Noël si on leur donne une dinde ? » demande-t-il.
« CHAQUE ANNÉE, LA PÉRIODE DES FÊTES EST UN DÉFI PARCE QUE PLUS DE GENS DEMANDENT DE L’AIDE. MAIS CETTE ANNÉE, AVEC LA PANDÉMIE, C’EST VRAIMENT DÉCUPLÉ. »
- Élaine Côté, directrice générale de Moisson Québec