Faire de l’exercice pour survivre au cancer
Une recherche récente rapporte que l’effet protecteur de l’activité physique contre les récidives du cancer serait causé par une stimulation du métabolisme des lymphocytes T spécialisés dans l’élimination des cellules cancéreuses.
Une recherche récente rapporte que l’effet protecteur de l’activité physique contre les récidives du cancer serait causé par une stimulation du métabolisme des lymphocytes T spécialisés dans l’élimination des cellules cancéreuses.
L’exercice régulier représente un des paramètres du mode de vie les plus importants pour la prévention du cancer. D’un côté, les études montrent que les personnes qui sont les plus actives physiquement ont moins de risque de développer au moins 13 types différents de cancers, incluant certains cancers très fréquents comme ceux du sein et du côlon (1). De plus, il est maintenant clairement établi que les survivants d’un cancer qui font régulièrement de l’exercice sont moins à risque de récidive et de mourir prématurément de la maladie (2).
CLIMAT INHOSPITALIER
Des études récentes suggèrent que ces effets protecteurs de l’exercice sur la progression du cancer seraient causés par une modification du microenvironnement dans lequel se trouvent les tumeurs. Par exemple, l’activité physique réduit l’inflammation chronique dans les tissus et prive du même coup les cellules cancéreuses d’un outil indispensable à leur croissance.
Un autre effet de l’exercice physique qui peut contribuer à son action anticancéreuse est son impact positif sur l’activité du système immunitaire. On sait depuis longtemps que l’immunité, et en particulier un sous-groupe de lymphocytes appelés tueurs, joue un rôle très important dans la détection et l’élimination des cellules anormales qui se forment spontanément dans nos tissus. L’activation de ce phénomène, appelé immuno surveillance, par l’exercice pourrait donc jouer un rôle central dans l’effet anticancéreux de l’exercice physique régulier.
IMMUNO SURVEILLANCE ACCRUE
Pour mieux comprendre cette immuno surveillance accrue en réponse à l’exercice, des chercheurs suédois ont séparé des souris atteintes de cancer en deux groupes, soit un groupe où les animaux demeuraient inactifs (contrôle) et un groupe où ils pouvaient s’exercer régulièrement dans une roue d’entraînement. En accord avec les multiples données accumulées depuis plusieurs années, ils ont observé un important effet préventif de l’exercice sur la progression du cancer, c’est-à-dire que la croissance des tumeurs a ralenti et que la mortalité a diminué chez les animaux entraînés par rapport aux animaux non entraînés.
Cet effet protecteur semble en majeure partie dû aux lymphocytes T cytotoxiques (tueurs), car l’injection d’anticorps qui bloquent l’action de ces lymphocytes a complètement éliminé l’effet positif de l’exercice sur la croissance et la survie du cancer des souris entraînées. À l’inverse, lorsque les chercheurs ont isolé les lymphocytes T provenant des animaux entraînés et les ont administrés aux souris sédentaires, ils ont observé une diminution de la progression du cancer chez ces dernières.
MÉTABOLISME ALTÉRÉ
Une analyse plus approfondie suggère que cette action anticancéreuse des lymphocytes T tueurs serait une conséquence des changements métaboliques causés par l’exercice. En étant plus actives, les cellules musculaires consomment plus d’énergie pour soutenir l’effort et ce métabolisme accéléré génère plusieurs métabolites (provenant du cycle de Krebs, en particulier) qui sont relâchés à des niveaux élevés dans la circulation sanguine pendant l’effort. Les chercheurs ont observé que certains de ces métabolites, le lactate notamment, modifiaient le métabolisme des lymphocytes T et augmentent leur activité cytotoxique contre les cellules cancéreuses. Il est probable que ce phénomène observé chez les animaux se produise aussi chez les humains, car les mêmes métabolites ont été observés dans le sang d’hommes soumis à un exercice intense (30 min de bicyclette stationnaire à intensité élevée). Ces résultats nous rappellent qu’il faut cesser de voir l’exercice seulement comme un moyen de brûler des calories. Au contraire, les nombreuses modifications biochimiques et physiologiques qui se produisent en réponse à l’exercice permettent de réduire le risque de développer une foule de conditions chroniques et sont donc indispensables pour vivre longtemps en bonne santé.
√ (1) Moore SC et coll. Leisure-time physical activity and risk of 26 types of cancer in 1.44 million adults. JAMA Intern Med. 2016 ; 176 : 816–825.
√ (2) Cormie P et coll. The impact of exercise on cancer mortality, recurrence, and treatment-related adverse effects. Epidemiologic Rev. 2017; 39 : 71–92.
√ (3) Rundqvist H et coll. Cytotoxic T-cells mediate exercise-induced reductions in tumor growth.
Elife 2020 ; 9 : e59996.