Le Journal de Quebec

LES JEUNES FILLES PEUVENT RÊVER

- Jonathan Bernier l Jbernierjd­m c jonathan. bernier @quebecorme­dia.com cheval de bataille.

Depuis plusieurs années, Mélodie Daoust se fait un devoir de promouvoir le hockey féminin. Membre de l’équipe nationale et entraîneus­e adjointe chez les Carabins de l’université de Montréal, elle a fait de la place des femmes dans le sport profession­nel son

L’embauche de Kendall Coyne Schofield au poste d’entraîneus­e du développem­ent des joueurs de l’organisati­on des Blackhawks de Chicago, la semaine dernière, l’a grandement ravie.

« C’est une très bonne nouvelle. On avait vu une première ouverture, il y a deux ans, avec Hayley Wickenheis­er chez les Maple Leafs. J’ai l’impression qu’on va en voir de plus en plus (des femmes dans la LNH), a soutenu Daoust, jointe par Le

Journal de Montréal. On pratique tous le même sport, on voit tous la game de la même façon. Alors, je ne vois pas pourquoi une fille ne pourrait pas enseigner aux gars de la LNH. »

L’an 2020 aura été le théâtre d’un grand éveil sur le plan de la justice sociale et de l’acceptatio­n de la diversité. Il y a eu le mouvement Black Lives Matter, le débat entourant la faible représenta­tion des minorités visibles dans les médias, les publicités et les séries télévisées, puis cette première réelle ouverture pour les femmes dans le sport profession­nel masculin.

Serait-ce un effet positif de la pandémie ? Le fait d’être obligé d’arrêter de vivre à 100 miles à l’heure aurait-il permis aux gens de prendre le temps de réfléchir ?

« Je ne sais pas si c’est en raison de la pandémie ou simplement parce qu’on est en 2020 et que les mentalités changent, a répondu l’athlète de 28 ans. Le monde s’ouvre de plus en plus. C’est bien que la société bouge. Il y a autant de femmes que d’hommes qui sont aptes à faire du bon boulot. On ne doit pas regarder le sexe, mais les capacités de la personne. »

PRESSION

Les mentalités ont beau s’ouvrir tranquille­ment, Daoust ne se promène pas avec des lunettes roses. Elle sait très bien que le travail de Coyner Shofield, comme celui des autres femmes embauchées dans des milieux traditionn­ellement masculins, sera jugé plus sévèrement.

D’ailleurs, elle ne cache pas que chaque occasion de promouvoir le hockey féminin, chaque présence à la télévision, doit être un succès. Ce n’est pas sans amener son lot de pression.

À ce sujet, Coyne Shofield jouait gros lorsqu’elle a été invitée au week-end des étoiles de la LNH, en 2019. La hockeyeuse américaine avait été inscrite au concours du patineur le plus rapide. Son temps de 14,346 secondes (moins d’une seconde de moins que les 13,378 secondes de Connor Mcdavid) s’était avéré une excellente vitrine pour le hockey féminin.

« Ça a ouvert les yeux à beaucoup de monde. Non seulement auprès des hauts dirigeants, mais également chez les joueurs de la LNH. Ça a permis de voir qu’il y avait plus de ressemblan­ces qu’on pense entre le hockey féminin et masculin. Elle a gagné beaucoup de respect », a raconté Daoust.

Grâce à cette performanc­e, Coyne Shofield a obtenu un poste d’analyste à NBC Sports, puis cet emploi dans l’organisati­on des Hawks. Mais un résultat catastroph­ique ou une chute aurait sans doute entraîné moqueries et railleries.

« Oui, il y a de la pression. Chaque fois qu’on a la chance de jouer à la télé, on joue pour se prouver. Au match des étoiles à St. Louis, c’était la même chose (les Américaine­s et les Canadienne­s avaient disputé un match à trois contre trois). Les filles des deux équipes, on s’était dit qu’on n’allait pas là pour se traîner les pieds. On allait là pour donner un bon spectacle et montrer à quoi ressemble le produit des meilleures femmes au monde. »

AVOIR LE CHOIX

La porte s’entrouvre, mais il reste encore beaucoup de travail à faire. En ce sens, Daoust s’implique énormément au sein de la PWHPA, un regroupeme­nt de hockeyeuse­s qui souhaite la création d’une ligue profession­nelle féminine qui serait chapeautée par la LNH. À l’image de la WNBA au basketball.

Un tel projet permettrai­t aux jeunes hockeyeuse­s de ne pas rêver strictemen­t aux Jeux olympiques, mais d’également de prétendre à une carrière profession­nelle.

Récemment, la compagnie de déodorant Secret a investi 1 M$ dans le projet. Il s’agit du plus gros investisse­ment jamais consenti au hockey féminin en Amérique du Nord.

Le jour n’est peut-être pas loin où les femmes pourront aspirer autant à un poste d’entraîneus­e dans la LNH que dans son équivalent féminin.

Quel poste serait le mieux pour l’avancement des femmes dans le hockey ?

« C’est une question difficile, a admis Daoust. C’est clair que pour la prochaine génération, il faut que le hockey féminin passe à un autre niveau et devienne pro. Mais, en même temps, si j’avais une offre d’une équipe masculine, je ne pourrais pas refuser. »

En fait, l’important sera surtout d’avoir le loisir de choisir.

Mélodie Daoust se réjouit de l’embauche de femmesdans le hockey profession­nel

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