Le producteur de spectacles du Casino soudainement écarté
Après 20 ans, Loto-québec dit qu’elle vient d’apprendre que l’homme d’affaires traîne un casier judiciaire
Loto-québec a confié durant 20 ans la production des spectacles au Cabaret du Casino de Montréal à une firme dont l’un des dirigeants traîne un dossier criminel depuis 1985, avant de faire table rase cet automne.
« Je ne comprends pas. Ça me dépasse », a vainement plaidé Mario Bazinet auprès de représentants de Loto-québec en apprenant que le Groupe Bazz perdait son contrat au Casino, lors d’une rencontre tenue le 26 octobre, selon un enregistrement auquel notre Bureau d’enquête a eu accès.
L’homme d’affaires, qui s’est fait un nom comme entraîneur dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec pendant les années 1980, et le Groupe Bazz sont associés à la production de spectacles au Casino de Montréal depuis l’an 2000.
À cette époque, les liens d’affaires entre le Casino et M. Bazinet étaient déjà contraires aux exigences de la loi sur les loteries parce qu’il traînait un casier judiciaire recelant trois condamnations en matière criminelle :
■ En 1985, une amende de 300 $ pour fraude ;
■ En 1993, une amende de 1000 $ et une probation de deux ans après qu’il se fut reconnu coupable de complot visant à extorquer 1,2 million $ à la chaîne de restauration Mikes avec deux complices ;
■ En 1995, 300 $ d’amende pour vol. Joint par notre Bureau d’enquête, Mario Bazinet n’a pas cherché à cacher son dossier criminel. Il a plutôt affirmé que les gens du Casino qui étaient « venus [le] chercher » pour y produire des spectacles « le savaient » eux aussi.
LA PRÉSIDENTE A TRANCHÉ
À la fin octobre, la société d’état l’a informé que ses antécédents judiciaires le disqualifiaient dorénavant comme partenaire d’affaires.
– Ça veut dire que ça fait 20 ans qu’ils m’approuvent, mais qu’ils ne devraient pas, c’est ce que vous me dites ? a-t-il demandé.
– À quelque part, peut-être... [...] C’est l’enquête [de sécurité] de la Sûreté du Québec, lui a répondu une représentante de Loto-québec.
– Ça s’est rendu à la présidente directement, c’est rare. [...] Notre recommandation, c’était que ç’a toujours passé, prolongez [le contrat] et on ne changera rien, mais la présidente a dit : « Non, je ne peux pas », a ajouté un de ses collègues.
Sur papier, la présidente du Groupe Bazz est Nathalie Le Gruiec, mais son conjoint, M. Bazinet, y est « un employé nécessaire à la prestation des services » prévus au contrat avec la Société des casinos du Québec (SCQ), selon cette dernière.
C’est lui qui accordait les entrevues aux médias pour promouvoir les spectacles au Casino.
Le Groupe Bazz a récemment mis en demeure la SCQ en lui rappelant qu’elle avait déjà convenu de renouveler son contrat jusqu’à l’hiver 2022.
À LA SUITE DE NOS QUESTIONS
Le 30 novembre, après des questions de notre Bureau d’enquête à Loto-québec sur ce sujet, la Société des casinos répondait par écrit au Groupe Bazz que le contrat qui les liait a pris fin le 2 septembre dernier.
« Malgré que des discussions en vue de la prolongation aient eu lieu, la SCQ n’a eu d’autre choix que de ne pas prolonger le contrat », ajoutait une avocate de la SCQ.