Le Journal de Quebec

Horacio Arruda permet la reprise des jeux d’évasion

Un accueil mitigé dans l’industrie du divertisse­ment de la province

- GENEVIÈVE LAJOIE

Au plus fort de la seconde vague de l’épidémie, le Dr Horacio Arruda vient de donner le feu vert à la reprise des jeux d’évasion, ce qui cause un malaise même dans les rangs de cette jeune industrie du divertisse­ment.

De plus en plus répandus au Québec, ces jeux immersifs consistent à sortir d’un lieu fermé en trouvant des indices et en résolvant des énigmes. Début octobre, les centres qui offrent ces escape rooms dans les régions en alerte maximale ont dû fermer leurs portes, comme les arcades et les parcs d’attraction­s.

Mais le directeur national de la Santé publique a changé son fusil d’épaule. « Après analyse, nous vous informons que les jeux d’évasion sont considérés comme des centres d’amusement intérieur. Ce type d’activité n’est pas interdit », a-til fait valoir, dans une lettre transmise à l’associatio­n des jeux d’évasion le 23 novembre. Notons que des restrictio­ns s’appliquent quant à la désinfecti­on des lieux. Les groupes peuvent être formés de deux personnes gardant une distance de deux mètres entre eux ou de membres d’un même foyer.

Patrick Toupin a rouvert les portes de son entreprise de jeux d’évasion de Québec, Eliviascap­e, vendredi dernier. Les participan­ts doivent provenir d’une même résidence et des règles sanitaires strictes sont appliquées.

« Le port du masque est obligatoir­e en tout temps » et les salles thématique­s sont désinfecté­es entre chaque groupe. Selon lui, les jeux d’évasion ne sont pas moins sécuritair­es que des boutiques de vêtements, où les clients manipulent des fringues.

60 MINUTES DANS UNE SALLE

Un avis qui n’est pas partagé par tous dans l’industrie. « Pour sortir de la pièce, il faut que tu touches des objets, tu déverrouil­les des cadenas, tu ouvres des portes, manipules différente­s choses […] dans une salle fermée pendant 60 minutes. [...] C’est impossible de désinfecte­r une salle à 100 % », plaide le propriétai­re d’une compagnie concurrent­e, qui souhaite conserver l’anonymat.

Ce dernier ne comprend pas la décision du Dr Arruda. « On nous dit de limiter nos déplacemen­ts aux activités jugées essentiell­es, je ne vois pas en quoi un jeu d’évasion est une activité jugée essentiell­e », insiste celui qui ne compte pas rouvrir son centre aux clients à court terme.

Rémi Barbeau de SOS Aventure, qui possède des salles à Saint-jérôme et à Québec, rouvrira son commerce à la fin de la semaine. Il estime que les jeux immersifs ne sont pas plus à risque que d’autres de propager la COVID-19. « Entre aller au centre d’achat et un jeu d’évasion, c’est sûr qu’un jeu d’évasion est plus sécuritair­e », dit-il.

M. Barbeau ajoute toutefois que les entreprise­s comme la sienne ont été placées devant un dilemme. La lettre du Dr Arruda, qui leur permet de rouvrir, risque de les disqualifi­er de l’aide financière accordée par les différents paliers de gouverneme­nt. Au cabinet du ministre Pierre Fitzgibbon, on précise que l’aide s’applique aux compagnies à qui on impose des restrictio­ns pour la réouvertur­e et qui ne peuvent fonctionne­r à plein rendement.

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PHOTO STEVENS LEBLANC Propriétai­re d’eliviascap­e, Patrick Toupin a rouvert les portes de son entreprise de jeux d’évasion vendredi dernier.

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