L’hôtel Canada et la maison Québec
Chaque fois que je critique le multiculturalisme, il y a toujours des agités du bocal qui me traitent de raciste.
« Tu es contre la diversité ? Tu rêves d’un Québec exclusivement peuplé de Blancs francophones tricotés serrés ? »
Pour rassurer ces lapins hypersensibles qui voient du racisme partout, mononcle Richard va expliquer aujourd’hui la différence entre le multiculturalisme et l’interculturalisme.
DANS LA MÊME CHALOUPE
Contrairement à ce que vous font croire certains militants crinqués, être contre le multiculturalisme ne veut pas dire être contre la diversité.
On est juste contre une certaine façon de gérer la diversité.
Imaginez une chaloupe avec, à son bord, des rameurs de différentes origines.
Le multiculturalisme, c’est « chaque rameur rame dans la direction qu’il veut ».
L’interculturalisme, c’est « tous les rameurs rament dans la même direction ».
Permettez-moi de citer Alain Cabras, un prof de sciences politiques à l’université d’aix, qui explique très bien la différence entre le multiculturalisme (modèle favorisé par le Canada) et l’interculturalisme (modèle favorisé par le Québec).
« Si une société multiculturelle nécessite que chaque groupe qui la compose soit reconnu et respecté, une société interculturelle impose une exigence supplémentaire : qu’ils fassent “sens” ensemble.
La société interculturelle s’appuie sur trois piliers.
Elle prône de reconnaître, avec bienveillance, les différences culturelles qui la composent.
Elle préconise de les intégrer dans l’ensemble d’accueil – ce qui impose qu’une culture majoritaire soit recon
nue et préservée.
Et elle combine ces différences culturelles dans une quête de sens commune : nation, république, liberté ou n’importe quelle autre cause. Cela implique que la cause du groupe majoritaire soit devenue celle des groupes minoritaires. »
L’HÔTEL ET LA MAISON
Comme Justin l’a déclaré lors d’une entrevue tristement célèbre accordée au New York Times, le Canada, pour lui, n’a pas de « tronc commun », ou de « culture majoritaire ».
C’est un hôtel.
Les interculturalistes, eux, ne conçoivent pas la nation comme un hôtel lambda qui ressemble à n’importe quel autre hôtel, mais comme une maison.
Ce n’est pas du tout la même chose. Une maison a une âme.
Quand tu entres dans une maison, tu entres chez quelqu’un.
Je suis sûr que, lorsque vous allez dans un « bed and breakfast », vous ne vous comportez pas de la même façon que lorsque vous allez à l’hôtel.
Eh bien, c’est tout ce que les tenants de l’interculturalisme demandent.
Tu viens chez nous ? Parfait, tu es le bienvenu !
Mais chez nous, il y a des règles. Des coutumes. Des façons de faire. Qui sont liées à des traditions, à des souvenirs, à un passé, à une histoire. Une mémoire.
Dire qu’il existe une culture nationale au Québec, ce n’est pas fermer la porte aux autres cultures.
C’est juste dire : « Ici, tu n’es pas partout. Tu n’es pas nulle part. Tu es chez nous. Nous allons t’expliquer qui nous sommes. D’où nous venons. Dans l’espoir que, bientôt, quelle que soit ton origine, tu te joignes à notre grande famille et appelles notre maison “chez moi”… »
Un hôtel est impersonnel. Une maison a une âme.
UNE MÉSENTENTE
Pourquoi je parle de ça maintenant ? Car je crois que les gens qui ne cessent de nous traiter de racistes depuis quelque temps ne comprennent pas cette nuance importante.
Soit parce qu’ils sont bouchés.
Soit parce qu’on n’a pas pris le temps de leur expliquer.