Le Journal de Quebec

Les « colombes de paix » de Joe Biden

- NORMAND LESTER normand.lester@ quebecorme­dia.com

Après 4 années d’isolationn­isme et d’improvisat­ions aberrantes en politique étrangère, les États-unis sous Joe Biden vont vouloir reprendre leur rôle dominant dans le système d’alliances qu’ils ont construit après la Seconde Guerre mondiale.

Même lorsque des hommes rationnels, intègres et compétents comme Joe Biden ou Barack Obama accèdent au pouvoir, ils sont incapables de vraiment se libérer des contrainte­s institutio­nnelles et des a priori culturels qui sous-tendent la politique du pays.

L’opinion publique américaine extrêmemen­t conservatr­ice, l’inertie de la bureaucrat­ie fédérale et les dysfonctio­nnements du système politique contraigne­nt des présidents à adopter des politiques étrangères délétères.

BUSH ET OBAMA, MÊME COMBAT

Barack Obama en est le parfait exemple. Au début de son mandat, il a pris l’engagement de fermer le centre de détention de Guantánamo à Cuba. Il est toujours en activité en 2020. L’ancien prof de droit Barack Obama, opposé à la peine capitale, a poursuivi et intensifié le programme d’exécution par drone de Bush où, agissant comme juge et jury, il a décrété des condamnati­ons à mort secrètes de personnes, exclusivem­ent des musulmans, que les États-unis considérai­ent comme des terroriste­s. Résultat : des centaines d’attaques de drone meurtrière­s avec les dommages collatérau­x que cela implique. On estime qu’en ciblant Ayman al-zawahiri, le leader d’al-qaïda, la

CIA a jusqu’à présent tué 76 enfants et 29 adultes innocents, sans réussir à le tuer. Les assassinat­s de ce type sont une pratique courante des États-unis. En janvier dernier, Trump a ordonné l’assassinat par drone du général iranien Qasem Soleimani en visite à Bagdad.

LES « FAUCONNES » DE JOE BIDEN

L’équipe que Joe Biden a commencé à nommer pour diriger sa politique étrangère et de défense suggère que le président élu ne semble pas avoir l’intention de la réorienter par rapport à celle de ses prédécesse­urs démocrates, erreurs interventi­onnistes comprises.

Antony Blinken, son secrétaire d’état désigné, était, comme lui, partisan de l’invasion de l’irak et de l’interventi­on en Libye.

Son choix d’avril Haines comme patronne de l’ensemble des 17 services de renseignem­ent américains, la première femme à occuper ce poste, va aussi dans le sens de la continuité. Directrice adjointe de la CIA, elle a contribué à dissimuler la torture au Congrès sous l’administra­tion George W. Bush. Sous Obama, elle était réveillée la nuit pour qu’elle approuve l’assassinat d’un terroriste présumé par une frappe de drone.

Elle a soutenu la nomination par Trump de Gina Haspel, comme première femme à diriger la CIA. Haspel a supervisé la torture de dizaines de prisonnier­s dans un centre de détention clandestin en Thaïlande.

Haines et Blinken ont tous deux travaillé pour Westexec Advisors, un joueur important dans le monde des portes tournantes entre le gouverneme­nt et le complexe militaro-industriel. L’entreprise a été créée par Michèle Flournoy… actuelleme­nt en tête de liste pour devenir la première femme à diriger le Pentagone. Peut-être une sorte de victoire pour le féminisme, mais sans doute pas pour le pacifisme.

Les assassinat­s de ce type sont une pratique courante des États-unis.

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