Le Journal de Quebec

De l’argent contre la grâce présidenti­elle ?

Possible « activité criminelle » à la Maison-blanche

- ANNE-SOPHIE POIRÉ

Le ministère américain de la Justice a lancé une enquête sur le possible envoi d’argent à la Maison-blanche ou à un comité politique connexe en échange d’une grâce présidenti­elle, apprenait CNN hier.

Les noms des personnes impliquées n’ont pas été révélés par les documents rendus publics par le tribunal de Washington DC., hier après-midi.

On y apprend qu’en août, le juge en chef Beryl Howell a examiné une demande des procureurs pour accéder à des documents obtenus lors d’une enquête sur des allégation­s de corruption en vue d’un pardon.

« CONSPIRATI­ON DE CORRUPTION »

Les procureurs demandent, entre autres, l’accès à une cinquantai­ne d’appareils numériques, dont des iphone, des ipad et des ordinateur­s portables, perquisiti­onnés dans des bureaux à la fin de l’été.

Ces appareils contiendra­ient des courriels démontrant une activité prétendume­nt criminelle, comme un « plan de lobbying secret » et une conspirati­on de corruption qui offrent « une contributi­on politique substantie­lle moyennant une grâce présidenti­elle ou une remise de peine », selon les procureurs.

Ils n’ont cependant pas fourni de preuves au juge d’un quelconque paiement direct.

« Il n’y a pas de jurisprude­nce concernant un pardon donné en échange d’argent », explique le chercheur associé à l’observatoi­re sur les États-unis de la Chaire Raoul-dandurand de L’UQAM, Rafael Jacob.

« Un tel geste pourrait être contesté et décrié, mais je vois mal comment ça pourrait être renversé par la justice. […] Le président peut pardonner à peu près n’importe qui et pour à peu près n’importe quoi », ajoute l’expert.

PARDONS MULTIPLES

Au lendemain des élections, M. Jacob et son collègue, Christophe Cloutier-roy, avaient affirmé au Journal qu’il n’était pas impossible que Donald Trump offre la grâce présidenti­elle à ses proches collaborat­eurs accusés ou pointés dans l’enquête sur une éventuelle collusion entre la Russie et l’équipe de campagne du président républicai­n.

Ils avaient vu juste.

La semaine dernière, Donald Trump accordait la grâce présidenti­elle à son ancien conseiller à la Sécurité nationale, Michael Flynn, le premier de ses proches à être accusé dans le cadre de cette enquête.

M. Flynn avait plaidé coupable en 2017 pour avoir menti au FBI au sujet de ses contacts avec un diplomate russe. Sa peine n’avait jamais été prononcée.

La possibilit­é que Trump gracie ceux qui lui ont été loyaux ne cesse d’augmenter, a rappelé CNN hier.

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PHOTO AFP Le ministre de la Justice, William Barr, en compagnie du président, Donald Trump, le 1er septembre dernier.

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