Vingt mois plus tard, toujours rien pour les sièges sociaux
Le programme promis en mars 2019 aurait pu aider Element AI, affirme le PLQ
« LA MÉCANIQUE ASSOCIÉE À LA MISE EN PLACE DE L’ENVELOPPE, ÇA, ÇA SUIT
SON COURS. »
– Éric Girard, ministre des Finances
Le gouvernement Legault n’a toujours pas mis en place son « enveloppe » de 1 milliard $ pour favoriser le maintien des sièges sociaux québécois, plus d’un an et demi après son annonce par le ministre des Finances, Eric Girard.
En commission parlementaire, hier à Québec, M. Girard a reconnu qu’aucune somme n’avait encore été transférée à cette fin au ministère de l’économie.
« Si, réellement, il y avait une volonté de protéger rapidement les sièges sociaux, eh bien, ç’aurait dû être fait depuis longtemps », a déclaré hier au Journal le député libéral André Fortin.
Dans le budget de mars 2019, le gouvernement s’était engagé à constituer, dans le cadre de ce programme, « une équipe dont le mandat sera de développer une intelligence d’affaires dans le domaine de la protection des sièges sociaux ».
Le ministre Girard a assuré que, même si l’enveloppe de 1 milliard $ n’existe pas encore, « il y a eu des dollars qui ont été investis [par le gouvernement] dans le maintien des sièges sociaux » au cours des 20 derniers mois – sans toutefois donner d’exemple.
PAS D’ÉCHÉANCIER
Il a également indiqué que
« la politique de placement de l’enveloppe a été approuvée récemment » en se gardant cependant de préciser la date d’entrée en vigueur du programme.
Selon M. Fortin, l’enveloppe de 1 milliard $ aurait pu servir à empêcher la vente d’element
AI au géant californien Servicenow, annoncée lundi. La transaction a déjà entraîné plusieurs licenciements à Montréal.
Charles Émond, le PDG de la Caisse de dépôt et placement, a toutefois rappelé hier que la firme d’intelligence artificielle était en trop mauvaise posture pour être sauvée intégralement.
MODÈLE D’AFFAIRES NON RENTABLE
« Ce n’était pas un modèle d’affaires qui était rentable, a-t-il lancé lors d’un événement organisé par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. Je mettrais probablement Element AI dans les dossiers qui ont le plus occupé les équipes [de la Caisse] dans les deux dernières années. C’était quotidien. Notre équipe de capital de risque les a couverts, les a accompagnés, les a aidés dans leur financement. On a même ouvert des portes pour eux auprès de certains clients au Québec. Je me suis même investi personnellement. »
M. Émond a ajouté qu’il discutait régulièrement avec ses homologues d’investissement Québec et du Fonds de solidarité FTQ de la question des sièges sociaux. Il leur arrive de « se rediriger des dossiers » d’entreprises ayant besoin de soutien.
« On a une compréhension très fine, détaillée, de la situation de chacun de nos sièges sociaux, a insisté Charles Émond. On n’est pas assis sur nos mains là-dessus. »
La Caisse a par ailleurs commandé une étude au cabinet KPMG afin de l’aider à cerner les nouvelles « entreprises structurantes » du Québec. Celles-ci comptent généralement moins de 1000 employés, mais elles cultivent des ambitions internationales dès leur création.