Le Journal de Quebec

Le temps est-il venu de rebaptiser l’aéroport Pierre-elliott-trudeau ?

- ANTOINE ROBITAILLE

Justin Trudeau est porté sur l’empathie dégoulinan­te, la contrition ; il aime à formuler des excuses lacrymales, sur un nombre incalculab­le de sujets. Mais pas lorsque cela touche au Québec.

On en a eu une autre preuve hier, lorsqu’il fut questionné sur l’affaire Trudeau-desmarais.

Grâce à des documents américains secrets dévoilés par Radio-canada, on apprend que Trudeau père avait demandé à l’homme d’affaires Paul Desmarais de « rendre les choses aussi difficiles que possible » pour le PQ, qui venait d’accéder au pouvoir, en novembre 1976.

Notamment de faire passer le taux de chômage « de 10 % à 15 %, ou même à 20 % ». Faire mal au peuple, finalement. Créer de la misère. C’est à lever le coeur.

« DÉBAT HISTORIQUE »

Justin Trudeau a dit refuser de vouloir « commencer un débat historique ». Seule la « lutte contre la pandémie » devrait nous importer. On comprend.

Sauf qu’il a abordé bien d’autres sujets depuis mars 2020. Lorsque, fin août 2020, des militants s’imaginèren­t éradiquer le racisme anti-autochtone en déboulonna­nt la statue de John A. Macdonald à Montréal, Justin Trudeau avait non seulement accepté le « débat historique », il l’avait souhaité.

On doit, disait-il, « poser des questions » sur « tous nos anciens premiers ministres », qui firent « beaucoup de bonnes choses », mais aussi, « quelques erreurs ». Un pays « doit s’informer [sur] son passé ». Et il ajouta : « Je pense qu’on peut aussi poser la question par rapport à mon père. »

Le Justin Trudeau d’août 2020 a raison. Il faut faire cet exercice. Pas uniquement avec l’histoire lointaine. Quand on se penche sur le bilan de Pierre Elliott Trudeau dans le cas du Québec, le bilan est calamiteux.

BALLON D’ESSAI ?

Power Corporatio­n proteste : les archives de l’entreprise prouvent qu’elle n’a pas obtempéré à la demande de PET.

Ancien correspond­ant de Maclean’s, Graham Fraser me disait hier, à QUB radio, qu’il a probableme­nt « lancé une idée provocatri­ce [pour] voir l’impact de cette provocatio­n ». Une sorte de « ballon d’essai », formulé avec un diplomate américain.

Le Québec a pourtant subi des agressions économique­s sévères à l’époque. La Sunlife, déménagean­t son impérial siège social de Montréal vers Toronto en 1978. Cadbury aussi.

On apprendra peut-être un jour, dans quelques câbles diplomatiq­ues, que cela fut encouragé en coulisse par Trudeau père.

Le taux de chômage n’a peut-être pas augmenté à 20 %, mais le mépris pour le Québec et la volonté de lui nuire fut le fil rouge de la politique de PET.

• Loi des mesures de guerre de 1970. Demandée par Québec, certes, mais le prétendu champion des droits aurait bien pu dire : « Just watch me, ça ne passera pas ! »

• Mensonge éhonté au référendum de 1980: un NON signifiera­it un OUI au changement de la fédération.

• 1981 : Constituti­on rapatriée, modifiée, contre la volonté de l’assemblée nationale. Absence d’une reconnaiss­ance du peuple québécois.

• 1990 : torpillage de l’accord du lac Meech, lequel aurait mené à la « déportatio­n des anglophone­s de Montréal », délira PET.

N’oublions pas qu’il expropria les gens de Mirabel pour un projet pharaoniqu­e d’aéroport, dont la conception défaillant­e nuira à l’économie de Montréal.

Et on a rebaptisé Dorval à son nom ? Vraiment ? Il n’est jamais trop tard pour changer d’idée. Que suggérerie­z-vous, vous ?

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