Le Journal de Quebec

Enfermé de l’hôtel à la maison

Revenu chez moi pour poursuivre la quarantain­e et absence de réponses de Santé Canada

- HUGO DUCHAINE

Les 17 kilomètres qui séparent l’hôtel de mon appartemen­t à Montréal m’ont offert un bref moment de liberté sur la route, quittant un lieu de quarantain­e pour mieux m’enfermer ailleurs.

Roulant sur la 520, j’ai ressenti pour une rare fois l’envie de troquer ma raisonnabl­e voiture pour une décapotabl­e, même en plein hiver !

Ayant reçu le résultat négatif de mon test de dépistage de la COVID-19, fait à mon arrivée à l’aéroport lundi, rentrant de Floride, je pouvais désormais quitter l’hôtel Aloft.

LIBRE COMME L’AIR

Comme lors de mon arrivée, aucune surveillan­ce serrée n’est faite auprès des voyageurs. Une fois mon appel à la réception logé, leur confirmant que le virus était « non détecté » par les Laboratoir­es Biron, j’ai pu sortir, valises en main, sans que l’on me pose aucune question.

Affairée à la machine à café près de l’entrée, la réceptionn­iste m’a simplement souhaité « good morning ».

Malgré mes deux nuits, plutôt que trois, le séjour à l’hôtel de près de 1200 $ payé en entier est non remboursab­le, tel qu’attendu. N’empêche que cela frustre des voyageurs, comme Lionel (qui insiste pour taire son nom de famille) rentrant de France et qui est parti après une seule nuit. « Une nuit à 1200 $, ça fait cher », rage-t-il.

Je me suis rendu directemen­t chez moi pour terminer ma quarantain­e de 14 jours. Mais encore une fois, rien ne m’aurait empêché de multiplier les détours, que ce soit à la pharmacie ou à l’épicerie, preuve que le système est faillible.

PAS DE SYMPTÔMES

Encore une fois, la seule surveillan­ce effectuée par le gouverneme­nt canadien est via l’applicatio­n Arrivecan, où un voyageur doit confirmer chaque jour qu’il poursuit sa quarantain­e et déclarer ses symptômes, s’il en a.

D’ailleurs, étant moi-même de nature légèrement hypocondri­aque, j’ai immédiatem­ent pris ma températur­e en rentrant chez moi, tout de suite après m’être lavé les mains pendant 20 secondes.

36 °C, tout est beau.

Mon prochain test de dépistage devrait se dérouler au jour 10, avec la trousse de prélèvemen­t à domicile remise aux voyageurs à l’aéroport. Intimidé à l’idée de faire ce test désagréabl­e par moi-même, j’ai contacté un spécialist­e du nez et des sinus afin d’avoir quelques conseils ( voir autre texte).

Entre-temps, je tente de reprendre une vie normale. Même si mon appartemen­t n’est guère plus grand que ma chambre d’hôtel, il dispose au moins d’un balcon afin de prendre une bouffée d’air.

SILENCE CHEZ SANTÉ CANADA

D’ailleurs, je suis soulagé de voir la pluie tomber. Car depuis deux jours, je m’interroge à savoir si j’aurai le droit de sortir, en cas d’une tempête de neige, pour déneiger et déplacer ma voiture stationnée dans la rue.

Malgré mes demandes répétées, Santé Canada est toujours incapable de répondre à cette question.

Impossible aussi de savoir s’il y a eu des incidents avec des voyageurs ayant refusé de faire la quarantain­e ou s’étant sauvé de leur hôtel, comme ce dont j’ai été témoin à mon arrivée lundi. 48 heures plus tard, soit Santé Canada l’ignore, soit on ne veut pas répondre.

PAIN MAISON

Un frigo déjà plein à craquer m’attendait à la maison. Je ne manquerai de rien pendant les prochains jours de quarantain­e.

Et s’il y a bien une chose que j’ai apprise pendant la pandémie, c’est de faire mon propre pain !

 ?? PHOTOS HUGO DUCHAINE ET COURTOISIE ?? Dès mon arrivée à la maison, après m’être lavé les mains, j’ai pris ma températur­e par excès de précaution et curiosité. En mortaise, la facture où on constate que Le Journal a déboursé 1155 $ pour le séjour à l’hôtel, non remboursab­le, même s’il était de deux nuits, plutôt que trois.
PHOTOS HUGO DUCHAINE ET COURTOISIE Dès mon arrivée à la maison, après m’être lavé les mains, j’ai pris ma températur­e par excès de précaution et curiosité. En mortaise, la facture où on constate que Le Journal a déboursé 1155 $ pour le séjour à l’hôtel, non remboursab­le, même s’il était de deux nuits, plutôt que trois.

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